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Forum : Sandokan

Sujet : Feuilleton marquant


De verdun, le 26 août 2020 à 22:53
Note du film : 4/6

Au milieu du XIXe siècle, la puissante compagnie des Indes, fondée par les Anglais quelques siècles auparavant, poursuit son implantation dans l'est asiatique, notamment en Malaisie. Cet impérialisme britannique est personnifié par l'impitoyable James Brooke (Adolfo Celi), devenu le rajah blanc de Sarawak. Son ennemi juré est un pirate du nom de Sandokan (Kabir Bedi), « le tigre de Malaisie », qui mène la résistance du peuple malais contre l'oppresseur anglais…

Le personnage de Sandokan apparaît un roman, « Les tigres de Mompracem », écrit en 1900 par le romancier populaire italien Emilio Salgari, sorte d'équivalent transalpin d'un Eugène Sue ou d'un Ponson du Terrail). Les aventures de Sandokan ont été portées à l'écran dès les années 1940. Les cinéphiles les plus aguerris se souviennent surtout de Sandokan, le tigre de Bornéo ou Les pirates de Malaisie, deux réalisations de Umberto LenziSteve Reeves tenait le rôle principal. Mais c'est incontestablement ce feuilleton, Sandokan, coproduit par l'Italie, la France et l'Allemagne au milieu des années 1970, qui a marqué les esprits.

Je me permets, à titre exceptionnel, une petite parenthèse personnelle. Sandokan est l'un de mes premiers souvenirs télévisuels. Je me rappelle avoir découvert ce feuilleton un samedi après-midi au milieu des années 1980 sur TF1. Il s'agissait alors d'une rediffusion puisque les téléspectateurs français avaient pu découvrir les aventures du « tigre de Malaisie » dès 1976. J'avais été particulièrement marqué par le générique entêtant des frères De Angelis et par la séquence où Sandokan tombe dans la mer après avoir reçu un coup de feu. En outre, la série a été, sauf erreur de ma part, fort peu rediffusée par la suite. Il a fallu attendre sa parution en DVD, soit trente ans après, pour que je revoie ce feuilleton qui a marqué un certain nombre de téléspectateurs.

En 2020, que reste t-il de Sandokan ?

En premier lieu, nous nous rendons compte que ce feuilleton de notre jeunesse est une réalisation de Sergio Sollima, dont les cinéphiles ont pu redécouvrir le grand talent grâce à la réédition ces dernières années de ses meilleurs films, à savoir les westerns Colorado et Le dernier face-à-face ainsi que le polar La poursuite implacable. Par rapport à ces œuvres majeures du cinéma « bis » italien, Sandokan est une déception, car il n'a ni la complexité psychologique ni la rigueur formelle des longs-métrages susvisés. Les personnages sont conventionnels, les péripéties ne sortent que rarement des sentiers battus, et la dénonciation du colonialisme, qui rejoint les préoccupations politiques chères à Sollima, est exprimée avec un manque de subtilité auquel le cinéaste ne nous avait pas habitué. La réalisation semble, en outre, assez datée mais il faudrait une copie restaurée pour la juger avec acuité. Sandokan n'est pas comparable aux excellents films de cinéma de Sergio Sollima: la faute aux contraintes de la télévision d'alors ou à Salgari ? Un peu des deux sans doute.

Ceci dit, malgré ces défauts incontestables, il est difficile de faire la fine bouche devant Sandokan car il s'agit d'un roman-feuilleton extrêmement plaisant et mouvementé, qui fournit une forte dose d'exotisme et d'évasion puisque l'ensemble a été tourné à Ceylan et à Malaisie.

Si les personnages apparaissent pour le moins stéréotypés, il faut reconnaître que les acteurs choisis pour les incarner sont particulièrement charismatiques . L'acteur indien Kabir Bedi est un Sandokan inoubliable, qui restitue au personnage son caractère oriental, et apparaît forcément beaucoup plus crédible dans la peau du « tigre de Malaisie », que ne l'était Steve Reeves, dans les films de Umberto Lenzi. Adolfo Celi est, comme toujours, un méchant idéal. Philippe Leroy et Carole André, deux acteurs français ayant fait l'essentiel de leur carrière en Italie, tiennent de façon également mémorable les rôles respectifs du fidèles compagnon d'armes et du grand amour de Sandokan.

Par ailleurs, le récit est mené tambour battant et la musique des frères De Angelis est toujours aussi marquante.

Par conséquent, Sandokan n'est pas ce que Sergio Sollima a fait de mieux, loin s'en faut, mais c'est un feuilleton «à l'ancienne » agréable et efficace.


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