En pleine mer, le capitaine Porter (Jeff Chandler) et son second, le lieutenant Farragut (Scott Brady), prennent connaissance de leur mission : transformer leur voilier de la marine américaine en bâtiment corsaire. Ils pourront ainsi étudier de près les pirates qui écument la mer des Antilles. À Toxardo, Porter accueille à son bord une jeune comtesse portugaise en fuite (Suzan Ball) .

Les boucaniers de la Jamaïque, sorti en Belgique sous le nom "le boucanier des Caraïbes", est un film de série B produit en 1952 par Universal et réalisé par Frederick De Cordova, sympathique artisan ayant principalement travaillé pour le grand studio américain. Signalons, pour la petite histoire, que le grand studio américain profita de l'interruption du tournage de A l'abordage, suite à une blessure subie par Errol Flynn et de la disponibilité des décors de ce dernier film pour y mettre en scène Les boucaniers de la Jamaïque.

La modestie de ses moyens et dans son ambition n'empêche pas Les boucaniers de la Jamaïque d'être un divertissant plaisant voire réussi.

Le rythme, inhérent à tout film de pirates réussi, est présent. La photo en technicolor, signée du grand Russell Metty, est éclatante.

L'ensemble est porté par deux très bons comédiens, Jeff Chandler et Scott Brady, incarnant deux personnages dont les relations s'avèrent plus complexes que prévu.

D'une manière générale, le scénario contient certes les péripéties attendues (abordages, attaques de requin, lutte contre un gouverneur, tempête redoutable) mais il les déroule de façon astucieuse. Accessoirement, nous sommes contents de voir que l'action se déroule majoritairement sur la mer, ce qui n'est pas le cas avec tous les films d'aventures maritimes.

De nombreuses trouvailles sont à signaler: le bateau de la marine américaine -d'où le titre original Yankee buccaneer- doit se déguiser en bâtiment pirate, le gouverneur corrompu est de mèche avec les forbans du secteur, la comtesse portugaise recueillie par les faux boucaniers est en fait une réfugiée politique…

Bien sûr cette production modeste a ses limites: c'est un film presque entièrement tourné en studio dont les effets spéciaux sembleront limités pour les spectateurs modernes épris de réalisme: requin en plastique, piscine figurant l'océan, caméra qui bouge pour faire croire que l'action se déroule sur la mer et maquettes diverses sont au rendez-vous. Il ne faut pas attendre non plus de profondeur (à part celle de la haute mer) de la part de ce bon divertissement sans prétentions.

Les boucaniers de la Jamaïque me semble toutefois supérieur à La fille des boucaniers, autre série B tournée par Frederick De Cordova pour Universal, qui a eu elle les honneurs de blu-ray/DVD français. Je demande l'édition de ce Yankee buccaneer.