Un cargo anglais "Kin Lung", chargé d'or, vogue de Hong-Kong vers Singapour. Le capitaine Alan Gaskell (Clark Gable) découvre avec stupeur un passager clandestin, China Doll (Jean Harlow), son ex-maitresse. Il est d'autant plus ennuyé que Sybil Barclay (Rosalind Russell), dont il s'était épris autrefois -et qu'il aime toujours-, se trouve également sur le navire. China Doll renonce à le reconquérir et se jette dans les bras d'un aventurier (Wallace Beery) qui s'est allié avec des pirates malais afin de voler l'or présent à bord.

La malle de Singapour est un film américain tourné en 1935 par Tay Garnett pour la MGM.

Il s'agit d'une part d'un film d'aventures qui n'est pas sans rappeler certains oeuvres de Joseph Conrad: nous retrouvons notamment le thème du personnage (ici un protagoniste secondaire Tom Davids) qui se sacrifie pour faire oublier sa lâcheté passée, à la manière de Lord Jim. D'autre part, l'intrigue se focalise sur un triangle amoureux: le capitaine Gaskell est partagé entre la blonde de mauvaise vie et la brune beaucoup plus sage. Ce marivaudage s'appuie sur la complicité éprouvée entre Clark Gable et Jean Harlow, qui avaient déjà tourné plusieurs films ensemble, et sur un schéma narratif et des dialogues insolents qui évoquent Howard Hawks. Ce n'est pas un hasard car l'auteur du script de La malle de Singapour est Jules Furthman, futur scénariste du Port de l'angoisse et du Seuls les anges ont des ailes.

La malle de Singapour figure parmi les bons films d'aventures des années 1930, dont l'action a le mérite de se dérouler durant la période contemporaine. Les péripéties sont attendues (trahison, tempête, attaque de pirates, conclusion du triangle amoureux à la fin de l'aventure) mais transcendées par l'écriture dense et insolente de Furthman. La mise en scène de Tay Garnett est propre même si un Howard Hawks des grands jours aurait peut-être fait mieux. L'ensemble est tourné en studio mais l'action a le mérite de se passer essentiellement sur "les mers de Chine", pour reprendre le titre original anglophone. L'interprétation est homogène mais dominée par un Clark Gable à la fois sobre et charismatique, dont le jeu me semble très moderne, comparé à celui de certains de ses partenaires …

La malle de Singapour est sans doute un peu trop théâtral pour être considéré comme un grand classique mais c'est un film d'aventures franchement réussi qui mérite d'être réédité et d'être plus connu.