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Sujet : Une île maudite: à juste titre ?


De verdun, le 15 août 2020 à 21:17
Note du film : 2/6

Le journaliste Blair Maynard (Michael Caine) enquête sur les mystérieuses disparitions de bateaux dans le célèbre triangle des Bermudes. Assurant le garde de son fils lors d'un week-end, il se rend à bord d'un vieux coucou sur l'île de Navidad, lieu proche des derniers signes de vie des navires disparus. Ils font la connaissance du docteur Windsor qui leur offre l'hospitalité. Ils sont rapidement attaqués par des pirates et emmenés sur leur île, où la population, coupée du monde, vit encore comme au 17e siècle.

Le film qui nous intéresse aujourd'hui rassemble l'auteur et les producteurs des Dents de la mer, le chef-opérateur de Plein soleil et Le samouraï, le plus célèbre compositeur de musiques de films (Ennio Morricone), le réalisateur de Votez McKay, dont notre ami Vincentp pense le plus grand bien, et les très bons Michael Caine et David Warner en guise de têtes d'affiches. Voilà ce qu'on peut appeler un générique de rêve !

Pourtant L'île sanglante fut un échec commercial et critique à sa sortie et conserve depuis une mauvaise réputation. Il fut nominé à plusieurs reprises aux "razzie awards", les oscars décernés aux pires films de la saison. Michael Caine, qui a pourtant un certain nombre de navets redoutables à son actif, refuse de parler de ce titre en particulier dans les interviews qu'il accorde. Que vaut donc vraiment cette île maudite, éditée récemment en DVD ?

L'idée de départ ne manque pas d'originalité: un journaliste se rend compte que ce sont des pirates qui sont responsables des disparitions de bateaux ayant lieu dans la région du triangle des Bermudes et que ces pirates ne sont pas les gentils bouffons inoffensifs, comme dans la plupart des films d'aventures maritimes, mais des brutes sanguinaires. Voilà donc un argument assez fort, qui aurait pu donner un thriller atypique, dans la lignée du phare du bout du monde. D'ailleurs, ce n'est sans doute pas un hasard si on a convoqué Henri Decaë, chef-opérateur du film de Kevin Billington.

Hélas dans L'île sanglante l'originalité cède trop souvent la place au "n'importe quoi" pur et simple tant les situations sont trop souvent invraisemblables voire ridicules. Comment croire à ces pirates très moches et très idiots qui vivent exactement comme au XVIIe, leur chef (David Warner) se donnant même pour nom John-David Nau et pour surnom "l'olonnois", comme un des plus célèbres brigands ayant sévi sur les océans ? Comment ne pas rire devant cet occupant d'un yacht se prenant pour Bruce Lee ? Devant "la hyène de mer" qui punit à un moment le personnage principal ? Et comment ne pas rire du dénouement, absolument grotesque ? Suite au succès des Dents de la mer, qui de mon point de vue est justement un exemple rare de film plus réussi que le livre dont il est tiré, Peter Benchley fut sollicité et grassement payé par Hollywood pour écrire d'autres films à succès. Au regard de l'histoire inepte et cousue de fil blanc narrée dans L'île sanglante, on peut penser que les producteurs ont eu tort de lui accorder un tel crédit…

Par ailleurs, Michael Caine n'est pas convaincant dans ce rôle de baroudeur et semble lui-même peu convaincu. La musique de Morricone ne figure pas parmi les compositions les plus inoubliables du maestro.

Néanmoins, certains cinéphiles peuvent voir dans L'île sanglante un objet filmique non identifiable (OFNI) iconoclaste, volontairement comique et inhabituellement méchant voire parfois "gore" qui détourne de façon désopilante les codes du film d'action. L'un des films les plus étranges et les plus foutraques jamais produits par un grand studio américain, en l'occurrence Universal. Un divertissement extravagant toujours plus intéressant que les productions ultra-formatées du Hollywood actuel.

Je dois avouer que le film m'avait horripilé lors d'une première vision tant l'ensemble m'avait paru se foutre de la gueule du spectateur. Je lui aurais alors décerné un 1/6. Je l'ai revu avec un peu plus de plaisir en raison de la qualité des prises de vues du grand Henri Decaë, d'un scénario plus divertissant que dans mon souvenir et d'une volonté de déplaire assez audacieuse et réjouissante même si le résultat reste moyennement convaincant. Je donne à présent un 2/6 à cette étrange quoique foutraque île sanglante. Peut-être qu'un jour je lui donnerai la moyenne. Sait-on jamais


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