Richard Crenna, Samantha Eggar, Lee J.Cobb dans un polar mis en scène par Jack Smight -réalisateur qui avait signé en 1966 Harper, un film noir qui modernisait le genre de façon assez passionnante-, voilà une affiche qui avait une sacrée allure.

Hélas ce réalisateur et ces comédiens de talent se sont réunis en 1973 pour mettre à exécution le pire des projets: un remake du classique absolu du film noir, Assurance sur la mort, remake télévisé qui plus est, à une époque où, contrairement à aujourd'hui, les feuilletons et séries télé n'avaient pas le même niveau technique ni le même budget que les films de cinéma.

Le résultat est conforme à ce que l'on pouvait en attendre: ce double indemnity ressemble à un vieil épisode de Kojak sans Telly Savalas ou de Columbo sans Peter Falk. Jack Smight avait d'ailleurs réalisé un épisode de cette dernière série, Columbo: Dead Weight quelques mois auparavant. On remarquera que le scénario a été élagué au point que ce remake ne dure que 75 minutes.

Autant les années 1970 me semblent avoir une grande période de créativité et de liberté pour le cinéma, autant ici on peut mesurer, dans une production mineure aux ambitions limitées, combien l'esthétique des seventies a parfois bien mal vieilli: ici les décors, les costumes, la photo, les coiffures, la musique paraissent terriblement kitsch par rapport à leurs homologues des années 40…

On peut à rigueur sauver les acteurs: Richard Crenna et Lee J.Cobb ne sont pas indignes de leurs prédécesseurs. En revanche, Samantha Eggar, actrice très talentueuse qui aurait mérité de devenir une star comme le prouve sa prestation dans L'obsédé, n'est pas convaincante en femme fatale et Barbara Stanwyck avait de toute façon mis la barre trop haut dans ce registre.

double indemnity millésime 1973 est complètement inutile mais il a deux intérêts. D'une part, ceux qui n'ont pas vu le film de 1944 peuvent le regarder sans déplaisir. D'autre part, il démontre que dès les années 70 le principe du remake était complètement dévoyé: un remake serait utile s'il servait à améliorer un vieux film démodé ou raté. Or en général on se contente de recopier en moins bien une recette qui a réussi une première fois.

En tous cas, c'est un piètre téléfilm mais un bonus DVD assez captivant.