Durant la Première Guerre mondiale, la chanteuse anglaise Lili Smith (Julie Andrews) fait un triomphe mérité. Mais Lili est en fait une espionne allemande, Lili Schmidt. Envoyée en France, elle a pour mission de séduire un major britannique (Rock Hudson) afin de lui voler quelques secrets militaires. Mais très vite l'amour s'en mêle…

Darling Lili fut pour Blake Edwards, un échec commercial retentissant. Le film coûta 20 millions de dollars et n'en rapporta que 5… Une vraie douche froide pour les producteurs qui pensaient sans doute en cette année 1970, grâce à la présence de la grande Julie Andrews, réitérer les triomphes de Mary Poppins et La mélodie du bonheur. Mais le public se lassait visiblement de ce genre de grosses productions, assez anachroniques alors que le "Nouvel Hollywood" commençait à pointer le bout de son nez.

C'est un film visuellement somptueux. Les décors, les costumes et la photo de Russel Harlan concourent à une reconstitution fastueuse de la première guerre mondiale. Darling Lili a couté très cher et ça se voit à l'écran.

A partir d'une trame assez simple, une sorte de biographie romancée de Mata-Hari, Darling Lili mêle le film d'espionnage, le film romantique, le film de guerre (avec de splendides batailles aériennes), la comédie musicale et même le burlesque avec deux inspecteurs gaffeurs chers au réalisateur de La panthère rose. C'est à la fois ce qui l'originalité du film, et dans ce foisonnement de chansons, de numéros, de scènes comiques ou spectaculaires, il y a forcément de très bons moments: Darling Lili montre l'éventail des talents de son réalisateur. Mais ce foisonnement est aussi son défaut: ça part dans dans beaucoup de directions et le spectateur peut trouver l'ensemble confus voire ennuyeux. Je dois préciser aussi que j'ai vu le film dans sa version de 2h15 alors que, fait révélateur, le director's cut fait 25 minutes de moins.

Bien qu'inégal et quelque peu vieillot par rapport à d'autres films américains de la même époque, Darling Lili est un spectacle total, assez fascinant par moments. C'est un Blake Edwards a redécouvrir comme ses deux films suivants, Deux hommes dans l'Ouest et Opération clandestine qui furent eux aussi des flops, assez immérités d'ailleurs.