Forum - Au gré du courant - Un classique méconnu
Accueil
Forum : Au gré du courant

Sujet : Un classique méconnu


De vincentp, le 28 mars 2020 à 09:37
Note du film : Chef-d'Oeuvre


La fine fleur des actrices féminines de l'époque est employée par Naruse en 1956 pour évoquer le déclin d'une maison de geishas, dans une société japonaise qui abandonne progressivement certaines de ses traditions ancestrales. Les qualités cinématographiques de Nagareru sont élevées, à commencer par le scénario adapté d'un romain de l'écrivaine Aya Koda. Tout au long de ses 118 minutes, le récit se renouvelle subtilement en permanence, avec l'impossibilité d'anticiper la séquence suivante et la tournure des événements. Il s'agit d'un film choral, mettant en scène de nombreux personnages exposant leur vision du monde et la confrontant à celle des autres, de façon plus ou moins pragmatique. Les choix opérés sont liés à l'origine sociale, au parcours dans la société, à la conception de la morale et au rapport avec l'argent. Nagareru observe, décrit, constate, mais ne porte pas de jugement, laissant le spectateur demeurer son libre-arbitre.

Nagareru est géré par un enchaînement de séquences courtes et rapides, utilisant une forte variété de plans classiques. Naruse est réputé pour sa science du rythme et son art du montage, laissant une certaine liberté aux acteurs (contrairement à Ozu), avec à la clé une impression de naturel et de réel. Une autre impression est celle d'un désordre apparent et d'un chaos relatif situé dans l'instant présent, plus marqué que celui observé chez Ozu ou Mizoguchi. Des images introductives et conclusives du fleuve et de ses objets navigants suggèrent le temps qui passe, et mettent en relief les épisodes dramatiques situés entre les deux extrémités du récit. La musique et effets sonores, très sobres, sont construits pour associer des sons à des personnages (bruit de tambour pour le paysan rustre) ou à des situations. Nagareru, par ses qualités, peut être cité comme un classique dont la portée se situe bien au-delà du seul contexte japonais de l'époque.


The fine flower of the female actresses of the time is used by Naruse in 1956 to evoke the decline of a house of geishas, in a Japanese society that gradually abandons some of its ancestral traditions. Nagareru's cinematic qualities are high, starting with the screenplay adapted from a Roman by the writer Aya Koda. Throughout its 118 minutes, the story subtly renews itself constantly, with the impossibility of anticipating the next sequence and the turn of events. It is a choral film, featuring many characters exposing their vision of the world and confronting it with that of others, in a more or less pragmatic way. The choices made are linked to social origin, the journey in society, the conception of morality and the relationship with money. Nagareru observes, describes, observes, but does not pass judgment, leaving the viewer to remain his free will.

Nagareru is managed by a series of short and fast sequences, using a wide variety of classical shots. Naruse is renowned for his knowledge of rhythm and his art of editing, leaving a certain freedom to the actors (unlike Ozu), with an impression of naturalness and reality. Another impression is that of an apparent disorder and relative chaos in the present moment, more marked than that observed in Ozu or Mizoguchi. Introductory and conclusive images of the river and its seafaring objects suggest the passing of time, highlighting the dramatic episodes between the two ends of the narrative. The music and sound effects, very sober, are built to associate sounds with characters (drum noise for the rough peasant) or situations. Nagareru, by its qualities, can be cited as a classic whose scope lies far beyond the Japanese context of the time.


Répondre

Installez Firefox
Accueil - Version bas débit

Page générée en 0.0023 s. - 5 requêtes effectuées

Si vous souhaitez compléter ou corriger cette page, vous pouvez nous contacter