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Sujet : Les surprises de l'amour


De Impétueux, le 9 mars 2020 à 19:42
Note du film : 3/6

Être présenté comme un conglomérat unissant Psychose, Délivrance et La Passion du Christ n'est pas forcément un cadeau ; ça met la barre bien haut et forcément, après avoir été regardé, ça déçoit un peu. On a vu tant et tant de ces films de sauvages où un individu lambda, à peu près civilisé (comme vous et moi) se trouve ex abrupto plongé vers l'immondice, la sauvagerie, la brutalité qu'on s'attend toujours à tout. On sait qu'à un moment donné une violence absolue va se déclencher qui ne sera comprise ni par nous, spectateurs confortables, ni par le malheureux clampin qui n'a absolument aucun moyen d'échapper aux hordes sauvages et qui se retrouve – lorsqu'il parvient à survivre – hagard et dévasté.

Sans beaucoup de moyens, le réalisateur belge Fabrice Du Welz parvient à mettre en boîte un très bon spectacle, dont l'originalité n'est pas exceptionnelle (mais dans ce domaine, il est si difficile d'innover !) mais qui utilise au mieux ce qu'il a en mains. En premier lieu la rébarbative contrée des Hautes Fagnes, dans l'est de la Wallonie, une région plus froide, plus pluvieuse que la moyenne et qui bénéficie de surcroît d'intéressantes tourbières qui abritent les meilleurs sables mouvants d'Europe.

Et puis trois acteurs qui sont d'excellents spécialistes de l'étrangeté et du malaise : Laurent Lucas, père de famille persécuté (déjà) dans Harry, un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll, chirurgien psychopathe dans Qui a tué Bambi ? de Gilles Marchand, pédophile assassin dans Contre-enquête de Franck Mancuso. Puis Philippe Nahon, acteur emblématique de Gaspar Noé, si exceptionnel en boucher fruste, violent, incestueux dans Carne ou Seul contre tous. Et enfin Jackie Berroyer, indispensable trublion de l'écran français, capable d'instiller la touche d'étrangeté indispensable.

Donc Marc Stevens (Laurent Lucas), pauvre petit animateur de kermesses et de goûters accablants du Quatrième âge, en route vers le Midi où il doit se produire dans quelques galas miteux tombe en panne dans une campagne moche, glacée, pluvieuse avec sa pauvre vieille camionnette et, guidé par Boris (Jean-Luc Couchard) un débile qui hurle à la mort pour avoir perdu sa chienne dans les immensités hostiles de la campagne revêche est conduit dans l'auberge délaissée dirigée par Bartel (Berroyer).

On est au début de l'hiver, quelques jours avant Noël. Immédiatement un climat malsain s'installe mais met tout de même un certain temps à devenir vraiment oppressant. Rythme lent qui pourrait se justifier le long d'une série, mais qui tarde un peu à éveiller l'attention dans un film qui dure moins d'une heure et demie. Atmosphère sauvage, butée ; au cours d'une promenade, le citadin Stevens surprend des paysans qui violent on ne sait quel animal. Et au retour, quelques heures (ou une nuit) plus tard, il est asservi par Bartel, son hôte, naguère abandonné par sa compagne Gloria qui en fait son jouet, l'habille en femme, le tond, en fait son jouet sexuel.

Évasion, nouvelle capture ; Bartel n'en démord pas : Stevens est désormais sa Gloria, revenue et qu'il ne laissera pas repartir. Tortures, crucifixion… Jusqu'à ce que les gracieux autres villageois, conduits par Robert Orthon (Nahon) assiègent la demeure, voulant eux aussi la part du gâteau, c'est-à-dire le cul fringant de Gloria, même si Gloria est en fait Marc. Mais, d'ailleurs, qu'était Gloria ? Jacques, Georges, Emmanuel ? On n'en saura rien…

Calvaire pourrait être dédié à ceux qui ont pour la campagne les yeux du Maréchal Pétain et de La semaine de Suzette. C'est moche, c'est désespérant d'ennui et de solitude, c'est glacé, ça engendre des dégénérés crasseux, voraces, sanguinaires, alcooliques.

Je suis bien content d'habiter sur la rive gauche et de ne franchir le boulevard périphérique que lorsque je ne peux faire autrement.


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