Oeuvre de début de carrière de Bolognini, réalisée en 1958, mais qui affiche un fond solide (scénario co-écrit par Pasolini) et une forme très élaborée. Ce bon Jean Gili voit là un film mineur du cinéaste… Ca se discute ! Bolognini prend des chemins de traverse pour se déplacer d'un point A vers un point B, l'occasion de découvrir des décors insolites et des personnages atypiques, ce qui le rend sans doute un peu plus difficile d'accès que d'autres cinéastes italiens de cette époque. Les jeunes maris est un portrait réussi d'une jeunesse italienne de la fin des années 1950, avec l'emploi d'ingrédients à la fois de comédie et de drame, au coeur de chaque séquence. On ne dira pas que Les jeunes maris est totalement parfait, mais il comporte de nombreuses fulgurances qui impressionnent (séquences en église, par exemple). Forte créativité artistique d'un bout à l'autre de l'oeuvre, à l'image de ce que propose alors le cinéma italien, en pleine ébullition.

Un des points forts de Les jeunes maris est son emploi très perfectionné de la composante sonore : avec les sons, complémentaires des images, le rythme et les pulsions de la musique, Bolognini oriente la perception du spectateur et agit à merveille sur ses émotions. Les séquences dansées ou chantées sont magnifiques, et peuvent être considérées comme des séquences cinématographiques de référence (qualité que l'on retrouve par exemple dans le phénoménal La corruption, réalisé en 1963). Les garçons réalisé en 1959, autre réussite de Bolognini, est sans doute plus accompli sur un plan formel que Les jeunes maris (photographie magnifique en noir et blanc de la version numérique restaurée), pour sans doute ce qui demeure aujourd'hui l'un des (100 ?) meilleurs films italiens. Les jeunes maris et Les garçons, qui présentent des caractéristiques similaires de contenu et de forme, sont à voir impérativement par les amateurs du cinéma italien de la grande époque.