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Forum : Once Upon a Time... in Hollywood

Sujet : Clic-clac, Kodak !


De Impétueux, le 20 août 2019 à 13:49
Note du film : 4/6

J'ai tordu le nez pendant des années (et me le suis même pincé) devant les films de Quentin Tarantino et je commençais à m'y faire et à les apprécier, sans pour autant porter le réalisateur au pinacle. Et voilà que Once upon a Time… in Hollywood me rend assez perplexe et me décontenance depuis que je l'ai vu hier dans une grande salle quasi vide. Ça faisait presque un an que je n'étais pas entré dans un cinéma, d'ailleurs. Conditions de vision impeccables donc, sans des voisins qui puent, qui parlent, qui grignotent du pop-corn, qui se lèvent inopinément, qui dissimulent par leur grande taille la moitié de l'écran ; c'est déjà bien. Et en plus, naturellement en V.O.

Il y a au moins deux histoires dans le film, deux histoires reliées de manière assez ténue, même acrobatique et presque artificielle par les deux acteurs, l'un et l'autre absolument impeccables, Leonardo DiCaprio et Brad Pitt. Le premier incarne Rick Dalton, vedette à peine notoire de feuilletons télévisés, dont l'étoile pâlit sérieusement ; le second Cliff Booth, sa doublure cascadeuse et son homme à tout faire, peut-être son seul véritable ami. Tout cela se passe dans la grande foire aux vanités d'Hollywood, peuplée de producteurs féroces, de filles sublimes et d'acteurs prêts à tout (on pourrait tout autant inverser : de producteurs prêts à tout, de filles féroces et d'acteurs sublimes ; et ainsi de suite).

La première histoire du film est une sorte de documentaire sur ce caravansérail sauvage, ce bûcher où se brûlent tant de vertus et tant d'ambitions, où tout est à vendre et tout à acheter, où foisonnent requins, maquereaux et sardines, où les fêtes alcoolisées et cocaïnées permettent à tous ceux qui y touchent, même de façon parcellaire, de se croire dans une sorte de paradis artificiel, alimenté par de continuelles chairs fraîches. Pourquoi ne pas tourner un film sur ce pandémonium qui dévore chaque jour sa ration ? L'usine à rêves, sorte de Moloch avide, a besoin de plumages nouveaux (voir Mulholland drive), qu'elle rejettera ensuite avec indifférence (voir Boulevard du crépuscule ou – pourquoi pas ? – La fin du jour). On pouvait concevoir que le réalisateur filmât cette sorte de mutation perpétuelle, qui, sans doute, s'accentuait peu après 68 et le formidable bordel des années de rébellion (hippies, Woodstock, marijuana, Vietnam, Droits civiques et tout le bataclan) et la dégringolade d'un personnage de quelque notoriété, ringardisé et se survivant tant bien que mal.

Mais là, sans doute chronologiquement accrochées à la même époque mais évoluant dans un autre monde, les dérives libertaires de la Contre-Culture trouvant un de ses plus monstrueux aboutissements avec la Famille Manson ; certes pas la seule secte irriguée de LSD et de sexualité débridée (Les enfants de Dieu, incestueux et pédophiles n'étaient pas mal non plus dans le genre immonde) mais celle qui a laissé dans l'imaginaire collectif la trace la plus forte en raison du massacre de Sharon Tate, femme de Roman Polanski et de ses amis en août 1969, il y a cinquante ans.

À partir du moment où Cliff Booth/Brad Pitt va approcher la Famille, en raccompagnant jusqu'au phalanstère Pussycat (Margaret Qualley), une gamine perverse, séduisante et droguée, le film s'accélère, prend de la tension et devient haletant. Scènes formidables au ranch Spahn où métastase la secte ; je dois dire avoir aussi rarement ressenti une impression de malaise, sans qu'il y ait (jusqu'à la presque fin de la séquence) la moindre violence physique. C'est absolument bluffant.

On a quitté donc depuis longtemps les incertitudes de l'acteur ringard et se développe très brillamment l'horreur que tous les spectateurs attendent : l'évident massacre de Sharon Tate/Margot Robbie. On n'est pas déçu et il y a un festival de violence et de cruauté éminemment tarantinien et un looping très séduisant.

Pour autant, le film ne ravit pas ; trop long, trop plein de séquences absolument superflues (le combat de Cliff/Pitt avec Bruce Lee/Mike Moh, la séance de cinéma à quoi assiste Sharon Tate/Margot Robbie), trop hétéroclite, trop disparate, trop plein. Ce sont – j'y reviens – finalement deux films sans liens réels l'un avec l'autre. Et deux films dont la somme, plutôt qu'une addition, est une soustraction.

Mais enfin, pour la qualité du filmage, de la musique, des acteurs, pour le plaisir de voir Cliff/Pitt (et sa chienne Brandy) démolir sauvagement des crasseux hippies, c'est au dessus de la moyenne !


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De DelaNuit, le 9 septembre 2019 à 16:04
Note du film : 5/6

Loin des excès habituels de Tarantino, nous avons ici droit à une promenade nostalgique dans le Hollywood de la fin des Sixties, minutieusement reconstitué, avec une flopée de références qui réjouissent les amateurs. Les deux personnages principaux sont touchants dans leur rôle d'anti-héros, déjà "has-been" d'une usine à rêve toujours en mouvement qui a tôt fait d'oublier ses stars d'hier. On évite le massacre attendu qui eut lieu dans la vraie vie par une pirouette scénaristique nous rappelant qu'on se trouve ici dans un conte de fées.

Un conte qui, à l'instar de La La Land mais dans un style évidemment différent, fait d'Hollywood le décor d'une mythologie moderne où les belles américaines remplacent les carrosses, les studios les châteaux, les stars les anciens dieux, les hippies zombies les ogres… et les starlettes telle Sharon Tate les fées et les nymphes.

On oublie pour quelques instants de trêve que le Sunset Boulevard est celui de tant de rêves brisés… Et pour magnifier le "happy-end" de ce qui aurait pu être si la vie était un conte, les dernières images d'une nuit hollywoodienne enfin apaisée s'accompagnent de la musique composée par Maurice Jarre pour la dernière scène de Juge et hors-la-loi de John Huston, où la divine Ava Gardner apparaissait enfin telle une "dea ex-machina" pour sacraliser la légende d'un monde oublié mais toujours prompt à nous faire rêver…


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De DelaNuit, le 10 septembre 2019 à 17:51
Note du film : 5/6

Tiens, je me rends compte que ma note s'est perdue dans les limbes. Je complète donc mon message précédent. Je ne considère pas comme Impétueux que ce film est constitué de deux histoires sans lien entre elles. Il me semble que Tarantino a contraire à coeur de les lier, et que ce lien participe au sens du film :

Tarantino a été choqué dans sa jeunesse par deux événements tragiques : le massacre de Sharon Tate et de ses amis par la "famille" Manson dans leur villa, et le suicide d'un acteur de série télé qu'il adorait et qui était arrivé en bout de course, et a bien-sûr inspiré le personnage interprété par Léonardo Di Caprio. Tarantino lie ces deux destins a priori sans rapport dès le départ en faisant de ces personnages des voisins. Cet élément qui pourrait être anodin lui permet d'imbriquer le sort de ces personnages : c'est parce que l'acteur qui jouait les justiciers à la télé (et leur a montré dès leur plus jeune âge comment tuer les indésirables) habite à côté de chez les Polanski qu'ils viennent massacrer que les hippies sataniques décident de commencer par sa villa, où ils se feront tellement bien recevoir qu'ils ne seront plus ensuite capables de poursuivre à côté leur oeuvre funeste. Et c'est parce que cet événement permet à l'acteur "has been" de rencontrer Sharon Tate et ses relations que sa carrière a toutes les chances de rebondir. Ainsi, le hasard ou la providence d'un scénario réécrivant une légende hollywoodienne en lieu et place d'une réalité sordide, permet à ces deux personnages de se sauver l'un l'autre.

J'entends autour de moi que beaucoup de gens – notamment la jeune génération – sont déçus par ce film car ils n'ont pas retrouvé l'humour, le rythme et la violence qu'ils attendaient. La fin notamment leur parait trop faible. Il faut saisir que cette fin ne vaut pas seulement par ce qu'elle montre mais aussi et avant tout par ce qu'elle a évité en substituant cette légende à l'horreur, comme un apaisement, un baume, une réconciliation, une résilience. Evidemment, si on regarde ce film au premier degré sans connaissance aucune de ce qui s'est réellement passé, on en perd tout le sens…


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De verdun, le 16 juin 2020 à 12:10
Note du film : 3/6

Once upon a time…in Hollywood se pare de qualités incontestables.

Tarantino sait tenir une caméra. Il dirige parfaitement ses acteurs, surtout Brad Pitt, magnifique et oscarisé à juste titre. La reconstitution du Hollywood de la fin des années 1960 est superbe. Et le spectateur sent, tout au long du visionnage, un amour du cinéma absolument contagieux.

Néanmoins, certaines caractéristiques de Once upon a time…in Hollywood m'ont irrité au plus haut point.

En premier lieu, la longueur excessive de l'ensemble et certaines séquences étirées en longueur où l'on aurait envie de dire "Abrège". Y a t-il une règle obligeant les gros films américains actuels à durer 2h30 ? Les films de Tarantino les plus récents n'auraient-ils pas été meilleurs avec plus de rigueur scénaristique et plus de concision ?

Par ailleurs, la manie qu'a Tarantino de réécrire l'histoire, déjà vue dans Inglorious bastards, peut être goutée de différentes manières. On peut y voir une grande liberté de création. On peut aussi trouver le procédé répétitif (sur un film, OK mais sur plusieurs ?) et douteux. Et franchement, cette scène qui ridiculise Bruce Lee était-elle bien nécessaire ?

Par conséquent, Once upon a time…in Hollywood est de mon point de vue un film qui mélange le meilleur et le pire.


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De vincentp, le 7 janvier 2022 à 22:38
Note du film : 0/6

Le film est effectivement beaucoup trop long, et le cinéaste réemploie à chaque fois les mêmes ficelles. Les anecdotes du moment présent sont étirées sur une durée bien trop longue et produisent un résultat ennuyeux et superficiel. Il y a aussi un côté frimeur avec une surenchère de moyens à disposition. Mais les avis exprimés ci-dessus par nos chroniqueurs se tiennent. On peut voir ce film de différente façon.


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