Je n'ai pas vraiment de considération pour le cinéma trash, violent mais reconnaissons le empli de vérité sur notre temps d'aujourd'hui de Noé.
Je ne crois pas que même Irréversible aurait pu être diffusé dans les années 70/80 tant il décrit avec un maximum de détails vrai une évidence contemporaine qui apparaît de façon régulière, que ce soit dans les boîtes, certains quartiers qui date pile poil de notre début de siècle. L'idée de monter le film à l'envers m'avait vraiment laissé à côté de la plaque. Et finalement le scénario était ultra manichéen.
Le goût malsain que Noé porte à des histoires insalubres, banales et morbides n'a jamais été mieux mis en avant que dans Seul contre tous. Film qui ne faisait que montrer ce dont pouvait être capable, un connard de bipolaire, à l'existence fort médiocre. Mais c'était tellement facile…
Love me paraît finalement son film le plus nuancé. Bien que peut-être le plus vertigineux. Sommes nous tous ou nos proches dans des situations tel que le Cassel de Irréversible ? Avons nous tous dans notre famille un Philippe Nahon ?
Par contre à un certain âge qui (?) ne peut ne pas être confronté dans son couple, dans une aventure sentimentale quelconque, beaucoup peuvent être confronté au fantasme du plan à trois avec deux filles. Si Berri avait avec humour traité cela à sa façon dans Sex Shop, Noé sans érotisme dans une pornographie pure et dure a osé montré dans une longue scène ce à quoi cela pouvait ressembler. Et si la pornographie du net n'y était pas pour quelque chose ? En tout cas ce déballage immoral et indécent Noé le montre dans des scènes d'une authenticité presque scandaleuse. Film réactionnaire ? Film de sociologie ? Voir deux filles et un gars se faire du bien pendant vingt minutes avec une virtuosité pour montrer qu'un rapport sexuel de ce genre a quelque chose de très violent, puis montrer ensuite qu'ils se sont dégradés. Film très actuel et malheureusement banal comme un simple Gaspard Noé
Moi qui ai beaucoup apprécié le cinéma de Noé, qui tiens Irréversible, mais aussi Carne et Seul contre tous pour un cinéma violent, mais, par cela même parfaitement adapté au monde où nous vivons, je suis perplexe à la lecture de votre message, Frétyl…
Perplexe en ce qui concerne ?
Sur le fil de Irréversible Dumbeldore accuse Noé d'avoir tourné un film Front National !
Je le trouve personnellement réactionnaire malgré ses provocations, sa crudité, en tout cas réac dans la morale de ses films…
Des situations comme celle de Irréversible nous n'en vivons pas tous les jours et cela dépend de qui on fréquente et de ce que l'on fout la nuit…
Un taré comme celui de Seul contre tous (qui m'avait vraiment choqué) on l'a peut-être comme voisin mais on cherche pas à en savoir plus…
Par contre des gonzesses aussi belles et destructrices que celles de Love à vingt ans/trente ans on les a en permanence autour de soi, parfois même on vie avec en ignorant qui elles sont !
Votre génération a échappée à cet actuel tabou libertin encouragé…
Seulement peut-on renouveler à tout coup l'intérêt de ce genre construit exclusivement de coups de poing dans la figure et de grands bols d'amertume ? Je me le demande encore plus après avoir vu Love, qui a fait un peu de bruit, du fait de l'abondance et la crudité des scènes de sexe non simulées, mais où on se demande à part ça en quoi peut résider son intérêt. La question essentielle que l'on peut, ab initio se poser, est l'intérêt d'en montrer tant et autant là où ça ne s'impose pas pour la cohérence du discours.
Entendons-nous bien : dût la chose faire regimber, je tiens le Caligula de Tinto Brass et Bob Guccione pour un film extrêmement intéressant, malgré ses scènes pornographiques, parce que ces scènes montrent, avec complaisance mais véracité et clarté toute la tristesse de la décadence romaine ; en ce sens-là, elles se justifient et contribuent à ouvrir la connaissance du spectateur sur un monde et une époque veules. Mais Love, à un moment où la sexualité, sous toutes ses formes et dans tous ses excès et toutes ses dérives font florès ?Murphy (Karl Glusman) est venu des États-Unis à Paris pour étudier le cinéma. À l'occasion d'une bringue juvénile au parc des Buttes-Chaumont, il rencontre Électra (Aomi Muyock) qui vient d'on ne sait trop où et se croit artiste peintre, puisqu'elle est aux Beaux-Arts et qu'elle a un amant galeriste, Noé (Gaspar Noé lui-même). Leur découverte mutuelle, cette attirance immédiate qui les porte l'un à l'autre est un des plus intéressants moments du film. Très vite c'est la passion, le jeu des corps, le besoin si puissant de se découvrir.
Écrivant cela, je me dis qu'il faut bien que j'indique que Love est bâti sur une structure temporelle très éclatée, nourrie de flashbacks, de plongées dans les souvenirs, de réminiscences qui s'insinuent dans la tête de Murphy, réveillé un matin de 1er janvier par un appel de Nora (Isabelle Nicou), la mère d'Électra, Électra qui n'a plus donné signe de vie depuis deux mois. Et Murphy est alors étendu à côté de Omi (Klara Kristin) et un nourrisson pleure dans la chambre à côté… Car Électra, droguée, dépressive et suicidaire est partie parce que Murphy avait, du fait d'un préservatif éclaté, fait cet enfant à Omi sur un coup de désir, Omi partagée avec Électra lors de la réalisation d'un fantasme trioliste. Je ne dis pas que tout cela est invraisemblable ; je ne dis pas même que le sujet n'était pas pertinent ; je m'interroge sur la volonté de Noé, exprimée par Murphy, qui est évidemment la représentation du réalisateur lui-même, de réaliser un film avec du sexe et des sentiments. Difficile gageure traduite par des scènes de sexe explicites tellement nombreuses qu'on en prend vite ennui, malgré la beauté des partenaires qui fait qu'on n'en est pas trop dégoûté, mais qui fait aussi qu’on utilise la télécommande par lassitude et pour passer à autre chose.En conjuguant à cette lourdeur qui se voudrait torride mais qui à la longue est bien ennuyeuse la manie de Noé d’insérer à tout moment des coupes brèves, dont on ne voit pas la nécessité, on aboutit à un film agaçant, larmoyant et qu’on pourrait même dire infantile si le sujet n’interdisait pas d’employer cet adjectif.
La chair est triste, quoiqu’on veuille en trop montrer, non pas parce qu’on en montre trop, mais parce qu’on la montre sans raison.
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