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Forum : Valérian et la Cité des Mille Planètes

Sujet : Retrouver ses marques dans la Cité des mille planètes...


De DelaNuit, le 2 août 2017 à 16:45
Note du film : 4/6

Qu’est-ce que Valérian ? Une bande-dessinée française de science-fiction dont le couple de héros – Valérian et Laureline, agents spatio-temporels – effectuent des missions à travers la galaxie, donnant lieu à une créativité foisonnante de technologie, d’êtres et de mondes extra-terrestres. Ses créateurs, Christin au scénario et Mézières pour le dessin, ont développé leurs personnages et leur univers depuis les années 60, exprimant dans un esprit aventureux mené avec humour tout au long de plus d’une vingtaine d’albums hauts en couleurs une critique sociale ironique et des idéaux généreux que certains ont qualifié de gauchistes (respect de l’altérité, de l’environnement, dénonciation du colonialisme, de l’impérialisme, du capitalisme, des dogmes religieux, de l’intolérance, bref de tout ce qui enferme l’homme ou le pousse à la violence) à une époque où ces thèmes n’étaient pas forcément à la mode dans la bande dessinée.

L’univers de Valérian a tellement inspiré le cinéma du genre (Star Wars notamment) qu’il n’est que justice que celui-ci lui rende à son tour hommage. C’est Luc Besson qui s’y colle. Rien d’étonnant à cela puisqu’il est un fan de la BD de la première heure, l’un des rares réalisateurs français à pouvoir s’atteler à une production et réalisation de cette envergure, et a déjà puisé son inspiration chez Valérian pour son fameux Cinquième élément. Son film est sorti sur les écrans depuis une semaine et divise les critiques qui admettent sa réussite visuelle mais lui reprochent un scénario décevant.

Je ne saurais me mettre à la place d’un spectateur découvrant l’univers de Valérian pour la première fois, et c’est en amateur de la bande dessinée depuis un certain nombre de décennies que je peux m’exprimer. Alors pour ce qui concerne l’aspect visuel, les effets spéciaux habilement maîtrisés permettent de restituer avec bonheur l’univers en question, son avancée technologique et ses multiples créatures par mille détails et idées originales qui méritent le détour. Le lecteur habitué de la BD pourra juste regretter qu’on ait changé les noms de certains lieux ou races aliens pour les rendre plus accessibles à l’international. Besson ajoute un passage dans un monde virtuel bien en phase avec les nouvelles technologies du moment et leurs promesses. Quelques clins d’oeil aux classiques de la science-fiction disséminés dans le film seront appréciés par les fans, telle l’apparition de Rutger Hauer vieillissant au début du film, référence évidente au Blade Runner de Ridley Scott dont les designers n’ont pas non plus dédaigné de s’inspirer de notre BD.

Le scénario est bien rythmé (on est dans un film d’action à prendre comme tel et non dans une lente méditation métaphysique comme le furent en leur temps 2001 ou les premiers Star Trek), il s’inspire principalement d’un des albums ("L’ambassadeur des ombres") tout en prenant des libertés, également afin de faciliter l’exploitation internationale. Ainsi la révolte des aliens prolétaires esclaves du système qui remet chacun à sa place dans la BD est ici escamotée, mais les thèmes fondamentaux demeurent tout de même le respect de l’autre et de l’environnement (ici par le biais des « Pearls », un peuple pacifique aux facultés extrasensorielles mais méprisé par les puissants qui les considèrent comme des primitifs et détruisent leur monde de paix et d’harmonie). Tout rapprochement avec les génocides d’un certain nombre de peuples terriens jalonnant notre histoire et la façon déplorable dont nous traitons actuellement encore notre propre planète n’est évidemment nullement fortuit. On pourra soupirer en arguant que ces thèmes ne sont pas nouveaux dans le cinéma de science-fiction (c’était notamment le sujet d’Avatar). Je répondrai en rappelant qu’ils étaient plus originaux quand les BD ont été écrites il y a plusieurs décennies et que, vu la façon dont nous continuons à dégrader notre propre monde, il n’est certainement pas inutile d’en remettre une louche à destination des nouvelles générations.

Les nouvelles générations, c’est bien à elles que s’adresse ce film et c’est peut-être là ce qui pourra, au-delà des libertés et adaptations qui jalonnent le scénario, agacer ou décevoir le spectateur un peu plus âgé, a fortiori l’amateur de la BD d’origine. Parce que si on comprend bien la nécessité de choisir comme acteurs principaux des jeunes prodiges de l’industrie cinématographique ou de la mode tels Dane DeHaan et Cara Delevingne – dont le talent n’est pas en cause – on peut se demander s’il était vraiment nécessaire de les affubler de personnalités d’ados immatures dont les relations se limitent aux tentatives de drague d’un Casanova des étoiles envers sa co-équipière et de l’agacement de celle-ci qui, sans être insensible, tient à être considérée et respectée.

Sans doute ce thème n’est-il pas inutile vu le machisme et le sexisme toujours présent dans notre société (y compris chez les jeunes) mais un peu plus de subtilité dans son traitement n’aurait pas fait de mal. D’autant plus que les relations de Valérian et Laureline dans la BD sont d’une autre trempe : si Valérian y apparait volontiers comme le prototype même du héros d’action qui fonce et Laureline sa charmante et tellement plus fine co-équipière toujours là pour nuancer les choses avec une ironie bienveillante, on n’y voit jamais comme dans ce film des échanges de dialogues de drague entre ados attardés dignes d’un épisode de sitcom ou de téléréalité. Et c’est là qu’à mon avis le bât blesse. Car il faut vraiment être dans la tranche d’âge 15/25 pour pouvoir se projeter dans de tels personnages. Et les autres spectateurs existent aussi, monsieur Besson, si si ! Certes, cet aspect est dilué dans le foisonnement de la créativité visuelle qui l’entoure… Mais c’est bien dommage car ce sont alors l’action et les effets spéciaux qui prennent le pas sur les personnages, ce qui est justement un des écueils du cinéma de science-fiction à gros budget.

Si, en comparaison, l’univers de Star Wars fonctionne, c’est parce que George Lucas avait pris le temps de nous attacher d’abord à ses personnages, autrement plus subtils. Ici, on est bien contents dès qu’on peut échapper à la navrante bluette du couple vedette. Au point d’apprécier l’intervention bienvenue de la pop star Rihanna en extra-terrestre métamorphe finalement (et c’est un comble !) plus attachante et touchante.

Pour cette raison, ce Valérian ne scintillera pas au firmament des space-opéras les plus réussis, alors qu’on aurait tant aimé qu’il y ait sa place. Reste un spectacle divertissant de bonne tenue qui fait passer un moment agréable et qu’il serait quand même dommage de ne pas aller contempler en salles quand on aime le genre… Ne serait-ce que pour faire la nique aux médias américains qui l’ont descendu en flèche par principe, juste parce qu’il risque de faire de l’ombre à leurs blockbusters nationaux, la plupart du temps guère plus subtils. Luc Besson aurait-il finalement péché par une trop forte volonté de leur ressembler afin de conquérir leur public, jusque dans leurs défauts ?


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De Impétueux, le 2 août 2017 à 17:43

Ne serait-ce que pour faire la nique aux médias américains qui l’ont descendu en flèche par principe, juste parce qu’il risque de faire de l’ombre à leurs blockbusters nationaux, la plupart du temps guère plus subtils… J'en demeure pantois !

Parce que pour vous, DelaNuit, Luc Besson est un cinéaste français ? Lui qui tourne en anglais avec des acteurs étasuniens des histoires cosmopolites, c'est un cinéaste français ? Les bras m'en tombent…

Ce n'est pas parce que les auteurs de la BD dont il a tiré sont film sont français que le film n'est pas évidemment complètement aligné sur les standards mondialistes, il me semble… Lorsque Hollywood tourne le D'Artagnan de Peter Hyams ou Les Trois mousquetaires de Paul W.S. Anderson, vous croyez que c'est du cinéma français ?.


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De DelaNuit, le 2 août 2017 à 18:39
Note du film : 4/6

Attention avec les bras qui tombent trop facilement, la Vénus de Milo a un charme indéniable, mais "pas de bras, pas de chocolat" !

Un blockbuster vise à toucher le plus vaste public, quelle que soit la nationalité de son réalisateur, ce n'est pas nouveau. Mais il peut contenir des éléments plus ou moins subtils malgré tout.

Lorsque Roger Vadim a filmé Barbarella, déjà d'après une BD française, il en a fait une coproduction internationale tournée en anglais tout en y a ajoutant des éléments qui n'auraient jamais été présents dans un film de science-fiction américain, concernant notamment une certaine liberté de mœurs ou l'ambiguïté de l'ange.

Au milieu de ses scènes d'action et d'effets spéciaux, le récent Wonder Woman, pourtant dans le rang des multiples films de super-héros américains, affronte le sexisme par quelques réparties autrement plus originales que les dialogues de ce Valérian.

Luc Besson lui même, en adaptant la BD Les aventures extraordinaires d'Adèle Blan-sec il y a quelques années, a eu me semble-t-il la main moins lourde pour ce qui concerne la personnalité de son héroïne. J'avais espéré un traitement de la même eau.

Sur la question de savoir si Valérian doit être considéré comme un film français ou non, selon que l'on prenne en compte la nationalité de son réalisateur et de ses équipes, son lieu de tournage, ses capitaux, sa langue ou sa forme, j'avoue que je m'en fiche un peu, je laisse chacun à son opinion. Je ne vois pas pourquoi des français ne pourraient pas faire des blockbusters ou des américains des films intimistes.

Je remarque simplement que la presse de cinéma s'est beaucoup fait l'écho depuis une semaine de la levée de boucliers des studios américains et des médias qu'ils détiennent contre ce Valérian qu'ils considèrent comme une menace européenne contre leur hégémonie, voilà tout.


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De Laurent Ermont, le 4 août 2017 à 20:39

Valérian film ennuyeux…C'est le petit prince qui demande à la vénus de milo : stp dessine moi un mouton …Petit con repondit la vénus…


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