Forum - Les Deux orphelines vampires - Les petites filles modèles
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Forum : Les Deux orphelines vampires

Sujet : Les petites filles modèles


De Impétueux, le 27 juillet 2017 à 19:58
Note du film : 0/6

Ni jolies filles dénudées, ni frissons sanguinolents ! Où donc est passé Jean Rollin dont l'assez mince talent consistait à faire aller de conserve ces éléments essentiels de l'éternité du cinéma ? Après s'être cassé les dents sur La fiancée de Dracula (2002), on a la largeur d'esprit suffisante pour profiter d'une offre à tout petit prix et commander Les deux orphelines vampires (1997) et en sortir tout autant déçu ! Comme on n'est pas mauvais zigue, on ira peut-être quelque jour (et à des conditions financières minimales) regarder ce qu'on avait jadis découvert, en grand effarement, Le viol du vampire (1968), La vampire nue (1970), Le Frisson des vampires (1971), c'est-à-dire des histoires bizarres où l'honnête amateur a son content de jolies poitrines et de canines incisives (si je puis dire).

Mais là, il n'y a pas vraiment grand chose à sauver ; il va de soi que, dans le cinéma de Rollin, l'intrigue, à la fois minimale et farfelue n'a aucune importance et que les dialogues sont souvent à la limite inférieure de la débilité ; on n'attend pas, non plus, des performances de la part d'acteurs qui semblent cantonnés dans le hiératisme et l'illuminisme et paraissent porter avec eux tout un lourd passé imbécile. L'agrément des films de ce cinéaste marginal est dans les ambiances qu'il sait quelquefois installer, dans un usage original des lumières, dans le mélange bizarre entre les atmosphères habituelles des films de vampire et sa désinvolture vis-à-vis des codes chevronnés de ce genre.

Il est vrai qu'il n'est pas d'une difficulté particulière d'installer un climat d'anxiété en filmant dans des lieux soigneusement choisis pour leur étrangeté. Je ne sais s'il est déjà arrivé à un de mes honorables lecteurs de se retrouver, comme cela a jadis été mon cas dans un cimetière de campagne silencieux et désert, à la nuit tombante d'une fin d'automne (je donne mes références : c'était à Espalion, en Aveyron) : quelques cris d'oiseaux isolés, des bruits indistincts de rongeurs dans les fourrés qui, ni les uns ni les autres n'effacent le silence ; il fait froid, il y a des ombres bizarres rendues plus étranges encore par le déclin rapide du jour ; et puis les dalles disjointes des tombes, les crucifix effondrés, les grilles rouillées… comment voulez-vous rater des ambiances pareilles ?

Tout le début des Deux orphelines vampires frôle ces étranges plaisirs morbides ; le reste, c'est-à-dire les neuf dixièmes du film est d'une stupidité affligeante. Deux jeunes filles, Henriette (Isabelle Teboul) et Louise (Alexandra Pic), apparemment aveugles, ont été recueillies par une institution religieuse, venant d'on ne sait où. En fait, elles voient parfaitement dès que la nuit s'installe et sortent à ce moment là pour boire leur rançon de sang sur qui a le malheur de traîner à leur portée. Je passe sur l'absurdité subséquente du récit et sur les aventures des deux amies qui, dans leurs pérégrinations, saigneront à qui mieux mieux (notamment une femme au fouet – Brigitte Lahaie) et feront les étranges rencontres d'une femme-louve (Nathalie Karsenti), d'une vampiresse-chauve-souris (sic !) (Véronique Djaouti) et d'une goule (Tina Aumont) sans que tout cela n'apparaisse que comme des épisodes incongrus et inutiles…

Tout comme est inutile et sans pertinence le seul bref déshabillage des coquines devant les fenêtres du docteur Dennery (Bernard Charnacé), l'ophtalmologue réputé qui les a accueillies pour tenter de soigner leur prétendue cécité. Pauvre médecin qui finira par découvrir la monstrueuse nature de ses pupilles et le paiera de sa vie (ah mais !).

Je doute que quiconque qui n'a vu le film aura compris quoi que ce soit à tout ce que je viens d'écrire ; c'est tout à fait normal et je ne vais pas me lancer dans un récit charpenté et linéaire pour semblables balivernes, après tout. Qu'il suffise à l'innombrable troupe de ceux qui se fichent du cinéma de Jean Rollin de savoir qu'il ne faut sûrement pas aborder ce réalisateur par Deux orphelines vampires, sauf à être dégoutté pour toujours de ce cinéaste brindezingue. Ce qui, après tout, n'est pas la pire chose qui pourra leur arriver.


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