Ce qu’il manque à ce film de notre regretté tonton
Tchernia,
c’est une chaleur, une âme. Bien sûr, est-ce utile de le préciser,
Serrault est magnifique et une pléiade d’acteurs rompus à l’exercice de la comédie lui font cortège. Mais le scénario est d’une platitude extrême et il en ressort comme un froid, un vide que les talents conjugués n’arrivent pas à combler. Une vague histoire de hold-up dont notre fonctionnaire peureux est le témoin. Il finira par triompher de sa couardise et fera arrêter et les gangsters et son propre patron à la tête de ce mic-mac. Un peu à l’image de
La gueule de l’autre,
sans en atteindre la finesse et la drôlerie,
Serrault est affublé d’un double via l’image du héros qu’il a toujours rêvé d’être et qui apparaît chaque fois qu’un miroir se présente. Mais ça ne fonctionne pas. On tourne en rond, à la limite de l’ennui.
Quelques scènes, trop peu, dont une assez mémorable avec l’immense
Bernard Haller,
nous tirent de francs sourires. Mais le film reste très inégal et on ne retrouve pas l’engouement que
Le viager ou
Les gaspards faisaient naître en nous.
Bonjour l’angoisse manque de cette poésie, de ce charme indéfinissable qui nous plaisait tant dans ces films antérieurs. De plus, les dialogues ne sont pas très recherchés. Pour qui s’est régalé des albums de
Marcel Gotlib, on ne retrouve pas la verve sarcastique de
La rubrique-à-brac par exemple. Il avait aussi écrit les dialogues des
Vécés étaient fermés de l'intérieur qui s’était vautré en beauté. Alors oui, l’idée de faire se dérouler l’intrigue du film dans une maison qui fabrique les alarmes en tous genres était bonne, avec tous les clichés qui ne manquent pas d’apparaître, bien téléphonés qu'ils sont. Mais hélas, notre tonton n’a pas su bien huiler tout ça et s'en suit une cavalcade un peu désordonnée. À dieu vat !
Ce film n’est pas chaleureux, pas "affectueux". Il n'a pas la rondeur amicale et sympathique de son metteur en scène. Il semble ne pas être Tcherniarisé… Il ressemble à un essai et ce n’en est pas un. Seules les bonnes têtes familières qui courent dans cette histoire relèvent un peu le thermostat de notre radiateur affectif. Mais c’est bien tout… Et pourtant, Serrault reste grand. Très grand dans cette curieuse randonnée. Et ça…