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Forum : Marie-Octobre

Sujet : Une vague de talents


De PHIL LUC, le 24 juin 2008 à 11:09

Marie-Octobre, moi, c'est trente fois que je l'ai visionné ; les premières fois j'avais été soulevé par cette vague, à présent, je me laisse bercer par elle. Certes les personnages sont un rien stéréotypés mais quel allant, quelle verve, quel cinglant… pas de temps mort, rien n'est inutile… Blier domine à mon sens mais tous sont remarquables, Reggiani le tout premier. Darrieux aussi, quelle classe; on ne l'aime pas, on l'admire. J'essaie parfois d'imaginer une refection de cette perle de film avec nos actuels comédiens. Oh, nous trouverions les neuf et ils auraient du mérite. Mais je ne crois pas qu'une telle démarche soit utile, le film échouerait aujourd'hui, son sujet ne brûle plus personne, les gens se fichent bien à présent des histoires de Résistance.

Je ne lèverai pas le voile, je ne dirai pas ici quel est le coupable même si, comme toujours en pareil cas, c'est moins le dénouement qui importe que l'impeccable déroulé.

Ceci dit, les ultimes films de Duvivier, pour ratés qu'ils soient doivent être découverts !


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De vincentp, le 7 août 2011 à 01:01
Note du film : 4/6

Ni chef-d’œuvre, ni film raté. Le scénario a du mal à convaincre, les dialogues sont guindés, et le tout possède un parfum de grandiloquence. Restent des numéros d'acteur (sorte de best of des années cinquante), un travail réussi sur l'agencement des personnages au sein du cadre, et également sur l'éclairage.


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De Tamatoa, le 26 avril 2013 à 23:40
Note du film : 6/6

Je viens de revoir pour la…je ne sais plus combien de fois, ce chef-d’œuvre d'entre les chefs-d’œuvre. On dit que Les Miracles n'ont lieu qu'une fois, c'est faux ! Cette palanquée de talents, le savoir faire lumineux de Duvivier et ce scénario tiré au cordeau me remplissent encore d'un ravissement, d'une félicité sans pareille. Je crois qu'aucun film ne m'a rendu plus résistant que celui-là. Et plus enviable du sort de ce pauvre Castille, aimé en cette période si trouble par la belle Darrieux/Marie-Octobre. Impeccable de retenue, de pudeur, et de ténacité. Ah ! Dieu que la guerre était jolie semblent nous dire tous ces modestes héros redevenus français lambda après avoir laissé tomber leurs pantoufles, les belles filles et leurs cigares pour l'honneur comme le souligne Daniel Ivernel. Puisque, entre guillemets, ils nous laissent entendre que c'était un peu un jeu. Et aucun d'entre eux, hormis bien sûr leur chef tombé au champ d'honneur, aucun n'en a gardé quelconque séquelle. La vie a repris son cours après une parenthèse dont il fallait bien s'occuper…

(Curiosité : Cette scène a été coupée au montage car elle n'est pas dans le film…)

Ce huis-clos magistral, ces déplacements au millimètre, ces acteurs fabuleux, maitrisant leur art au plus juste, dieux de la comédie, se réjouissent et se soupçonnent avec un art tellement consommé que mille revisions de cette œuvre ne viendront jamais à bout de notre admiration ! Ils se dépassent tous, les uns après les autres, se rendant mutuellement ingéniosité de jeu et virtuosité ! Tout le long du film, un mot règne en maitre : L'élégance. Élégance des protagonistes, élégance des propos, un peu pompeux c'est vrai Vincentp, mais la situation, la qualité des personnages le veut, élégance de la demeure même…Et même l'élégance de la répartition des rôles de la part de Duvivier. Ils sont tous traités de la même façon : tant dans l'intensité des rôles que dans la durée de leur prestation. Et à propos de prestation, je me rends compte encore une fois aujourd'hui que, quand je vois Blier jouer ce rôle de procureur tellement absorbé, tendu, et surtout si crédible, on peut tous mesurer l'étendue du talent de ce Monsieur en pensant que la même année il était bistrot dans Archimède, le clochard… Souvenez vous : Le Tapanel supérieur, Bec en Zinc, Mort aux cocusMonsieur Blier ! Et tous, tous sans exception, sont magnifiques !

Je pense qu'il est impératif que ce genre de film, lui et tant d'autres, ressorte en salle. Que les médias de tout poil le signalent à profusion, comme ils ont l'habitude de le faire pour des daubes immondes. Il faut, à toutes forces, attiser la curiosité des plus jeunes ! faire en sorte que le témoin soit transmis d'une génération à l'autre. Et qui sait ? Peut-être que des films de cet acabit ne sombreront pas dans l'oubli et pourquoi pas, (soyons optimistes !) redonneront aux jeunes le goût du vrai, du merveilleux cinéma… Car ce n'est même plus du cinéma, c'est une corne d'abondance de bonheur ! Rien ne cloche ! Ou plutôt si : une heure trente, c'est peu. Beaucoup trop peu pour du bonheur.


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De Impétueux, le 27 octobre 2016 à 17:09
Note du film : 5/6

Au delà de la magnifique trouvaille sonore du prénom/pseudonyme titre du film et du huis-clos étouffant dans la grande demeure sévère de François Renaud-Picart (Paul Meurisse) où se retrouvent, quinze ans après leurs dernières rencontres, les Résistants d'un groupe disparate, au delà des dialogues étincelants d'Henri Jeanson et de la conjonction d'un groupe d'acteurs dont on serait bien en mal aujourd'hui, de retrouver les équivalents, qu'est-ce qui reste de Marie-Octobre après la dixième vision, lorsque l’intérêt n'est plus la progression de l'intrigue, les chausse-trapes habilement déposées ici et là, les morceaux de bravoure et l'impeccable réalisation technique aux cadrages magnifiques de Julien Duvivier ?

Qu'est-ce qui reste ? D'abord, vous me direz que tout ça, ce n'est déjà pas mal, pas mal du tout et que si un film destiné au grand public regroupait tant de qualités en notre médiocre aujourd'hui, il arriverait comme une bénédiction.

Certes. Mais je m'adresse à ceux qui, comme moi, ont vu et revu le film, en connaissent toutes les ramifications, en admirent l'art consommé de mettre au premier plan, successivement, tous les protagonistes, sans en négliger un seul, les caractérisant par un mot, un geste, une attitude alors qu'il est déjà si compliqué de faire exister sur une scène plus de trois personnages, ceux qui savent comment ça va se terminer (et s'en fichent d'ailleurs un peu, parce que c'est sans doute le moment le plus faible).

Eh bien ce qui reste, c'est la conviction que le grand Julien Duvivier, en filmant son dernier grand film (ne méprisons pas toutefois au moins deux des œuvres postérieures, La chambre ardente et Chair de poule) achève sa carrière sur les mêmes notes d'amertume que celles qu'il a déployées tout au long de sa carrière. Parce que, finalement, Marie-Octobre, c'est aussi le récit de l'éclatement des vies exaltantes connues au moment d'un combat commun, vies qui se sont recroquevillées, embourgeoisées ou desséchées avec les jours.

On évoque les souvenirs, drôles ou tragiques, des années héroïques, on parle un peu de soi (et avec des petites touches tristes ; ainsi le docteur Thibaud/Daniel Ivernel qui dit avec une grande délicatesse son désarroi d'avoir perdu sa femme), on s'étonne de la réussite professionnelle des uns (celle du brillant avocat Simonneau/Bernard Blier, mais aussi celle du voyou Bernardi /Lino Ventura, devenu prospère patron de boîte de nuit), de la métamorphose des autres (le séducteur Le Gueven/Paul Guers, devenu prêtre). On voit bien que ni le plombier Blanchet/Robert Dalban, ni le contrôleur des contributions Vandamme/Noël Roquevert n'ont changé, mais que le boucher Marinval/Paul Frankeur (à mon sens au sommet de la distribution !) est devenu plus gras, à tous les sens du terme. Mais en fait, on n'a plus grand chose à se dire.

La vie a passé ; mais peut-être un peu plus douloureusement pour trois des membres du réseau Vaillance ; pour l'imprimeur Rougier/Serge Reggiani, amoureux malheureux et type abject, pour Marie-Octobre/Danielle Darrieux, claustrée depuis des années dans le souvenir idéalisé de Castille, chef du groupe, pourtant brutal et volage. Et sans doute aussi pour le grand industriel Renaud-Picart/Paul Meurisse, dont je ne suis pas certain qu'il n'est pas à la fois homosexuel furtif et amoureux fou de Marie-Octobre dont il est commanditaire de la maison de couture.

Toujours est-il que, comme pour un nombre considérable de films de Duvivier (de La bandera à L'affaire Maurizius en passant par Pépé le Moko, La belle équipe, Carnet de bal, Panique, Voici le temps des assassins et je ne cite pas tout), ça se termine mal, sur le désastre, le goût amer dans la bouche, les vies abimées. Et je gage volontiers que les membres du réseau Vaillance ne se sont jamais revus après le coup de téléphone de Marie-Octobre à la gendarmerie.


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De Nadine Mouk, le 27 octobre 2016 à 18:44
Note du film : 6/6

Et je gage volontiers que les membres du réseau Vaillance ne se sont jamais revus après le coup de téléphone de Marie-Octobre à la gendarmerie. Pour moi, c'est certain ! Mais ils ont du quand même être appelés à témoigner pour éclaircir les circonstances de la mort de Reggiani.

homosexuel furtif, Paul Meurisse ? Qu'est ce qui vous fait dire ça ? Son allure , sa prestance un peu guindée ? Ca ne m'est pas venu une seule seconde à l'esprit… En tous cas, mon avis est que ce film ne souffre d'aucun défaut !


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De Impétueux, le 27 octobre 2016 à 19:38
Note du film : 5/6

L'idée m'est venue – peut-être un peu alambiquée, mais on a tellement envie de se raconter des histoires sur tous les personnages de Marie-Octobre – l'idée m'est venue que ce grand bourgeois, qui vit avec sa vieille gouvernante dans une maison raffinée et qui dit son bonheur de voir Danielle Darrieux tous les jours, ne montrait pas une facette importante de sa personnalité. Ceci n'est naturellement étayé sur rien ; c'est seulement une rêverie que j'ai faite, mais qui ne me paraît pas du tout invraisemblable. Le milieu de la couture, vous le savez, est assez naturellement porté de ce côté-là. Il l'est aujourd'hui, il l'était jadis et naguère (voyez Jean Servais dans Rue de l'Estrapade de Jacques Becker).

Est-ce qu'une seule seconde, dans Marie-Octobre, Paul Meurisse évoque sa vie privée ? Non ? Toutes les pistes sont donc ouvertes…


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