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Forum : Ma Loute

Sujet : Quelle affaire !


De Impétueux, le 19 juin 2016 à 15:28
Note du film : 3/6

En plus de soixante ans de cinéphagie où, au cours des saisons j'ai regardé tout et n'importe quoi, je ne crois pas avoir vu quelque chose d'aussi bizarre que Ma loute, film insensé, décontenançant, incongru, qui souvent agace, désespère, exaspère mais devant qui on ne décroche pas. On a évoqué à son propos le Fellini de 8 1/2 ou le Bunuel de La voie lactée ; voire ! Le film de Bruno Dumont n'est ni onirique, ni surréaliste. C'est autre chose.

Ambleteuse, plage du Pas-de-Calais, 1910. Billie Van Peteghem (Raph), fille (à moins que ce ne soit un garçon) de famille bourgeoise dégénérée, rejeton incestueux d'Aude (Juliette Binoche) et de son frère André (Fabrice Luchini) (à moins que ce ne soit de son grand-père – personne n'est sûr de rien) engage une histoire (sentimentale ? sensuelle ? curieuse ? perverse ?) avec Ma loute Brufort (Brandon Lavieville), pécheur de moules sauvages. Et sauvage pécheur de moules, dont la famille abrutie et sous-prolétarienne a la délicieuse particularité d'être principalement cannibale et donc, lorsque le garde-manger est vide, d'estourbir les estivants qui ont le malheur de s'aventurer dans les dunes de la côte d'Opale. Et ces disparitions inexpliquées suscitent l'enquête policière de deux zigomars qui ressemblent à Dupont et Dupond de Tintin (pour l'affublement) et à Laurel et Hardy (pour la complexion physique).

Trois groupes de personnages qui n'ont rien en commun ; de leur improbable rencontre naît l'étrangeté du film. Étrangeté accrue par la juxtaposition d'acteurs de métier (outre Fabrice Luchini et Juliette Binoche, frère et sœur Van Peteghem il y a Valeria Bruni-Tedeschi (magnifique !), femme du premier et cousine de l'un et l'autre, l'endogamie bourgeoise allant de pair avec l'inceste) et de gens recrutés ici et là, dont le jeu est miraculeux de justesse : rien d'outré ou de ridicule dans l'interprétation de la famille cannibale Brufort, le père, L'Éternel, (Thierry Lavieville), la mère (Caroline Carbonnier), le fils aîné Ma loute (c'est-à-dire Mon garçon, comme l'appelle son père) et les trois plus jeunes frères qui se repaissent allègrement de salades sanguinolentes de doigts et de côtes flottantes ; non plus pour Nadège (Laura Dupré), bonne des Van Peteghem et amoureuse de Ma loute ; et s'il en va différemment pour le couple bouffon de policiers, c'est parce que son intervention relève du burlesque, du cinéma muet, de la bande dessinée.

Admirable musique (du compositeur belge Guillaume Lekeu, mort en 1870, à 24 ans) ; photographie superbe des plages du nord, avec des ciels troués, effilochés de nuages, des lumières bleu-gris, argentées, dorées, plombées par l'orage ; décors extravagants (invraisemblable maison Typhonium à Wissant) ; c'est tout sauf du cinéma ronronnant, classique, banal, mais ça peut absolument déplaire, irriter, scandaliser même, aussi.

Sortant hier de la salle, je me disais que je n'avais aucune envie de revoir jamais le film ; c'est beaucoup moins vrai aujourd'hui. Ma note ne veut rien dire, c'est simplement une moyenne arithmétique. Et je ne suis pas très satisfait de l'avis que je dépose, il me semble que je n'arrive pas à parler vraiment de Ma loute.


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De fretyl, le 15 décembre 2019 à 23:57
Note du film : 1/6

Un salmigondi, sans queue ni tête assez décevant, compte tenu de la promo qu'à reçu le film et de ses interprètes.

D'abord on a l'impression que le film est tourné à huit clos, très peu de lieux renouvellé.

Des grands acteurs ne sont pas venus jouer mais surjouer. La prestation de Luchini rappelle les pires défauts que pouvait avoir Serrault dans ses délires.

L'aspect Burlesque du film pompe très vite le spectateur.

Film en plein air mais étouffant. Peut-on parler de critiques de la bourgeoisie, sinon de moqueries…

Ma loute est un film sans queue ni tête au casting volontairement mal assorti. Comme le sont les deux flics.

Je n'ai pas compté dès la première demi-heure le nombre de personnages se cassant la gueule pour un oui ou pour un non.

Que dire ? C'est emmerdant. Exténuant par moment. Drôle ? Franchement non.

J'ai trop repensé aux trouvailles d'un Tati pour porter un quelconque usage cinématographique sérieux à cette cannibalerie sans fondement.

A y réfléchir Week-end de Godard en arrivait au même délire hautain.

Tant qu'il y'aura des fans pour ce genre de cinéma, je ne vois pas pourquoi je m'y opposerai.


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