La vision iconoclaste de Preston Sturges, se moquant des édiles politiques, de la politique en général, de l'armée, mais aussi des notables, du clergé et des facteurs clés du succès social. Aucun doute, Sturges, cinéaste majeur, sait écrire une histoire et la filmer : plans, gestion de l'espace, rythme, ruptures de tons, direction des acteurs. Un cas d'école de cinéma très bien fait. Héros d'occasion (1944) sans atteindre la plénitude des plus belles oeuvres de Sturges (Infidèlement votre, Un coeur pris au piège, The Great McGinty, Les voyages de Sullivan, The palm beach story) est un excellent film.

Le scénario est très bien écrit (mais sans surprise), le système de Sturges est bien rodé (un peu trop ?). J'ai surtout apprécié des séquences drôles, superbement réalisées : le héros d'occasion confesse face à la foule de sa cité natale, à demi-mot, qu'il n'est pas le héros attendu, mais le sergent derrière lui face à la caméra produit des clins d'oeil appuyés, ce qui pour le personnage principal produit l'effet inverse de celui escompté. Un point fort du film, de mon point de vue : faire vivre le groupe de militaires, dotés d'une psychologie, et emmenés par un remarquable William Demarest.