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Forum : Le Costaud des Batignolles

Sujet : Comment me désintoxiquer ?


De Impétueux, le 11 décembre 2015 à 16:37
Note du film : 1/6

Je pourrais presque recopier mot à mot ce que j'ai écrit ici il y a quelques années sur Mon frangin du Sénégal, identiquement réalisé par Guy Lacourt, scénarisé et dialogué par Norbert Carbonnaux, mis en musique par Norbert Glanzberg et interprété par le couple (à la scène comme à la ville) Raymond Bussières et Annette Poivre. Ça faisait un moment que je ne m'étais pas replongé dans mon honteuse passion des nanards français des années 50 et je ne pouvais pas me tromper beaucoup d'orientation en allant voir du côté de la fine équipe précitée.

On peut dire que j'ai été servi. Et copieusement, même. Devant ce genre de spectacles, on demeure toujours effaré devant l'inanité du scénario, la stupidité des situations, la médiocrité des dialogues et plus surpris encore que cet amalgame indigeste finisse par dispenser un certain charme.

Celui, évidemment, des salles du samedi soir, des ouvreuses qui vous plaçaient, avant de revenir à l'entracte vendre Esquimaux Gervais et bonbons de La pie qui chante (je pense que Kréma est arrivé bien plus tard), des fauteuils en velours râpé, des documentaires sur l'exploitation de la lentille dans le Vermandois, des actualités Pathé journal ou Fox-moviétone. Charme, aussi, des rues de Paris presque aussi belles qu'aujourd'hui, des passants moins avachis que ceux de maintenant, des fêtes foraines pleins d'attractions rigolotes et de jeux de force pure (le mannequin dont il faut frapper le ventre le plus violemment possible pour faire tournoyer l'aiguille qui mesure la force du coup, la fusée montée sur rail qu'il faut propulser le plus haut possible d'un vigoureux coup de poignet) et non ces manèges bruyants et aveuglants de néons qui sont désormais la règle… Charme évident du C'était mieux avant.

Mais ce (tout petit) charme ne tient pourtant pas bien longtemps et on en épuise vite les ressources. Heureusement, ça ne dure que 80 minutes (et malheureusement le sagouin René Château a traité par le mépris les cinq dernières minutes, qui étaient originellement en couleurs Gévéor et qui, là, demeurent en Noir et Blanc).

Ouistiti maigrelet qui rêve d'être un colosse, Jules (Raymond Bussières) est livreur à vélo du grand couturier Jacques Heim. Le bistro qu'il fréquente abrite une bande de mauvais garçons (Pierre Mondy, Alexandre Rignault, Roger Saget) dirigée par M. Pierrot (Jean Max) et sa gourgandine (Colette Darfeuil). Le pauvre Jules est un peu la tête de Turc, le souffre-douleur de la bande. Par une suite de hasards invraisemblables, Jules retrouve, lors d'un cambriolage, Nénette (Annette Poivre) depuis toujours amoureuse de lui.

Je vous la fais courte : les cinquante premières minutes de film sont passées et on s'est passablement ennuyé. Mais ça s'arrange un tout petit peu lorsque Jules s'aperçoit que, dès qu'il embrasse Nénette, il devient d'une force herculéenne (et davantage : il fait tout exploser, démantibule les autobus en se raccrochant à leur plate-forme arrière, renverse les voitures qui lui rentrent dedans, démolit sept ou huit colosses, etc.), d'une force qu'il puise donc dans les baisers de son amoureuse, un peu à la façon dont Astérix se dope à la potion magique. Est-ce que, par hasard René Goscinny aurait tiré son inspiration de là ?.

Quelques gags plus tard, ça s'essouffle à nouveau et on tire à la ligne. C'est fini, la salle se rallume. On rentre dans son deux-pièces au sixième sans ascenseur.

J'allais dire du bien de la distribution, évident plaisir pour qui aime les trognes d'acteurs de la période. Mais je ne peux pas passer sous silence la grotesque, ridicule, atterrante prestation du gugusse Jean Richard. Il semble que l'homme n'ait pas été un parfait imbécile, mais l'acteur, grasseyant, roulant des yeux, se désarticulant le col, fait honte. Et il fut pourtant à l'époque une certaine vedette, employée par Jean Renoir (dans Elena et les hommes) ou Marcello Pagliero (dans le rôle titre de Chéri-Bibi). Comment est-ce possible ?

Et comment me désintoxiquer ?


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De Nadine Mouk, le 12 décembre 2015 à 22:15

Et pourquoi se faire désintoxiquer ? Le cinéma des années cinquante, qui n'incarne ni la chtouille ni le choléra, recèle quelques fort belles pépites. Quant à Raymond Bussières, s'il est vrai qu'il a toujours eu du mal à porter un film sur ses épaules du début à la fin, il est resté un acteur populaire en faisant de petites apparitions toujours très remarquées dont on se souvient précisement en évoquant tel ou tel film. Par exemple, sa prestation dans L'assassin habite au 21 est dans toutes les mémoires. Sa partition, d'abord avec Gabriello qui tente de le faire descendre de son lampadaire, puis sa complicité avec Pierre Fresnay est des plus savoureuses. Ses quelques interventions dans Casque d'or ponctuent ce film légendaire de moments d'émotion et d'amitié vraie. Sa rencontre de quelques secondes avec Jouvet, dans le couloir du Quai des orfèvres est un trop fugitif régal. Demandez vous ce que serait devenu Les portes de la nuit sans les apparitions de Raymond Lecuyer, Français résistant jusqu'aux bouts de ces doigts que la gestapo avait détruit …Et on pourrait en citer beaucoup comme ça, jusqu'au plombier jaloux de Ah ! Les belles bacchantes , dans un autre registre..

Raymond Bussières a souvent été pour le cinéma, le tampon Made in France, à l'instar d'un Carette, d'un Larquey ou autre RoquevertRaymond Bussières, c'était le sel indispensable à toute bonne cuisine. Il faut juste faire attention à ne pas trop saler. Et votre honteuse passion des nanars redeviendra fort digeste, vous verrez !


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De Commissaire Juve, le 13 décembre 2015 à 13:52
Note du film : 3/6

Je me ferai l'avocat du diable. C'est un "nanar", aucun doute. Mais, comme on dit, le "nanar" n'est pas le "navet" ; c'est un film sympathique. A titre personnel, j'arrive encore à trouver du plaisir à visionner de telles réalisations (le "encore" est important… je n'exclus pas, un jour, de le remplacer par l'adverbe "n'… plus").

A mes yeux, Mon frangin du Sénégal et Le costaud des Batignolles sont des films concons, mais sympatoches.

Rien à voir avec les navets toxiques, ni faits ni à faire, vulgaires bien souvent, du genre Berlingot et compagnie, Le don d'Adèle, La tournée des Grands ducs, Coup dur chez les mous, Bonjour sourire !, Pas si folles les guêpes

Je pense aussi aux Corsaires du bois de Boulogne qui – passé un générique vraiment original – sombre vite dans le grand n'importe quoi, le délire éthylique.

PS : j'ajoute Bertrand cœur de lion qui part en vrille au bout d'une demi-heure.


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De Impétueux, le 13 décembre 2015 à 15:54
Note du film : 1/6

Halte au feu !, les amis et faites-moi la grâce de bien me comprendre ! J'ai, comme Nadine Mouk, une immense sympathie et beaucoup d’admiration pour Raymond Bussières ; et j'ai écrit, sur les films que vous citez, L'assassin habite au 21, Casque d'or, Quai des orfèvres, Les portes de la nuit (qui sont des chefs-d’œuvre ou de très grands films) combien l'acteur y était important, même quand il n'y fait qu'une brève apparition. C'est à cette place que Bussières trouvait sa dimension, nullement quand il occupe le premier plan.

Mais je vous rejoins tous deux (avec Commiasaire Juve) lorsque vous estimez, comme moi, le cinéma dit de samedi soir, indispensable. Mon irritation envers moi-même n'était que feinte et fausse. Et de la même façon que j'ai commenté Costaud des Batignolles, Frangin du Sénégal et Corsaires du Bois de Boulogne, j'irai sûrement faire de nouvelles escapades dans la riche filmographie du plus talentueux (avec Julien Carette) des Titis parisiens.

Et je note, s'il en était besoin, que Ah ! Les belles bacchantes est au plus haut dans mon Panthéon !


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De Frydman Charles, le 21 avril 2018 à 18:17
Note du film : 5/6

Sans prétention , mais distrayant ! L’expression "costaud des batignoles" pour désigner une "armoire à glace" doit provenir de ce film . On le disait à l'époque , moins aujourd’hui. Expression costaud des Batignolles. Pour Jules embrasser Nenette à le même effet que les épinards pour Popeye . Jules devient costaud ! D’ailleurs le médecin qui essaye de comprendre cet étrange phénomène demande à Jules s’il mange des épinards , Jules répond : normalement…


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