Né en 1941 en Pologne, Krzysztof Kieslowski entre dans la célèbre école de cinéma de Lodz, où il est rapidement considéré comme un réalisateurs très doué et très charismatique. Ce meilleur élève doit avoir un grand avenir. Il ne se tourne pas vers la fiction, décriée alors comme un mode bourgeois, économique. Le vrai cinéma, la liberté et l'expression la plus cohérente par rapport à ce que doit apporter le cinéma, c'est le documentaire. C'est là qu'on peut trouver la vérité… Il en réalisera une bonne vingtaine à la WFD. Totalement ancré dans la société polonaise, Kieslowski n'est pas un communiste absolu. Il croit au communisme, mais il est conscient de ses erreurs, de ses manques. Il se servira de ses films pour montrer les incohérences du système. On retrouve ainsi généralement dans ses documentaires d'un côté, des individus, riches de leurs forces, de leur énergie et de l'autre l'Administration décalée et inopérante par rapport à cette force vive. Il ne développe jamais de critique basique du système – ce qui aurait été de toute manière impossible dans le système de production locale – mais s'attarde toujours sur le rapport de l'humain à la société. Son travail de documentaire va l'amener à développer une vision complexe de l'humanité et doucement mais lentement, sa vie privée va filtrer dans les sujets qu'il aborde. Quand sa femme est enceinte, il tourne l'histoire d'un couple non marié dont la femme tombe enceinte et suit le couple jusqu'à la naissance (Premier amour). S'interrogeant sur le métier d'artiste, il en créé un "dossier" pour Curriculum Vitae (court-métrage), dossier qui sera le sujet de discussion d'un groupe du Parti qui s'interroge s'il faut ou non virer l'artiste. L'arrivée à la fiction est inévitable car elle correspondait donc à une étape logique de son évolution. Mais ce passage était également la conséquence de la crainte politique grandissante que l'on voit bien dans l'amateur. C'est après que son père soit atteint de tuberculose qu'il entreprend La radiographie (court-métrage) Il craignait en effet que les documentaires qu'il ferait aient des conséquences sur la vie quotidienne des gens de la rue qu'il interviewerait. La fiction lui permettait de dire les mêmes choses, sans mettre en danger les autres. La transition a lieu avec La cicatrice, un film très urbain, très proche encore du documentaire notamment dans les passages "réunions du parties" et autres mouvements de foule. Les films se succèdent entre créativité et pression poltique et tous possèdent très vite de grandes qualités. Seulement Kieslowski ne reçoit aucune reconnaissance intellectuelle, de la part de l'occident notamment. Cannes le boude le rangeant sous la rubrique de cinéaste local. Il faudra attendre le Décalogue pour qu'il soit poussé au devant de la scène. Seulement, la gloire et la célébrité lui laissent un goût amer dans la bouche. Les décalogues ne sont pas forcément de meilleur qualité que ses films précédents et pourtant, eux, suscitent une avalanche de superlatif. Kieslowski réalise ensuite une trilogie Bleu, Blanc, Rouge, accès sur des thèmes liberté/égalité/fraternité co-produit avec la France et Marin Karmitz en particulier. De nouveau le succès est au rendez-vous. Peu de temps après, fatigué par l'artificialité de tout ce monde et se sentant trop décalé par rapport à la "vraie vie", il annonce à Berlin sa décision de ne plus réaliser de film. Il veut se tourner vers l'écriture et la production. Il démarre ainsi l'écriture d'une nouvelle trilogie: "le paradis, l'enfer et le purgatoire". Il décèdera rapidement, suite à une grave maladie. De sa dernière trilogie, il aura eu le temps d'écrire le premier épisode qui sera adapté avec succès, après son décès, par Tom Tykwer, Heaven.