David Wark Griffith (à ne pas confondre avec Edward H.) est l'un des pères fondateurs du cinéma américain et le réalisateur qui a exercé l'une des influences les plus importantes sur le cinéma mondial. Né dans le Kentucky en 1875 dans une famille aisée, son père s'est illustré comme colonel de l'armée confédérée pendant la guerre de sécession mais fut ruiné lorsqu'elle prit fin. Attiré par le théâtre, le jeune David W. est embauché comme acteur de cinéma en 1907 par la compagnie Edison. Scénariste, il réalise son premier film en 1908. Passé à la Mutual, il y signe en 1915 son premier chef-d'œuvre, The Birth of a Nation, qui raconte la guerre de sécession dans une perspective favorable au sud, au Ku Klux Klan et attaque la collusion entre Noirs et hommes politiques blancs. Le film est, bien entendu, vivement attaqué et donne lieu à des émeutes dans les villes où il est projeté. Intolerance, tourné l'année suivante, est une fresque en quatre périodes dans des décors gigantesques. von Stroheim, Van Dyke et Browning collaborent à ce projet qui est un désastre financier mais reconnu, en Europe, comme une œuvre majeure par Dreyer ou Eisenstein. Cependant, plusieurs années seront nécessaires avant de pouvoir renouer avec du cinéma de qualité. Ce seront Broken Blossoms et True Heart Susie tournés en 1919 avec Lillian Gish. En 1920, toujours avec son actrice préférée, Griffith met en scène un drame encore plus sombre et pathétique que les précédents, Way Down East puis évoque la révolution française dans Orphans of the Storm (1921). One Exciting Night, avec Carol Dempster, est un polar avec faux coupable et le réalisateur renoue avec la fresque historique dans America. Isn't Life Wonderful, tiré du roman de Geoffrey Moss, et la comédie tirée de la pièce de Dorothy Donnelly, Sally of the Sawdust, sont ses dernières productions indépendantes. La comédie That Royle Girl est sa première réalisation pour Adolph Zukor avec lequel il va travailler sans enthousiasme. L'échec de The Sorrows of Satan avec Adolphe Menjou le pousse à quitter la Paramount. Une période plutôt terne s'ouvre pour Griffith (marquée par le passage au parlant, Lady of the Pavements) brièvement interrompue en 1930 par son Abraham Lincoln avec Walter Huston (le père de John) dans le rôle-titre. Son dernier film, The Struggle, drame sur l'alcoolisme, est éreinté par la critique de l'époque. Contestable pour ses prises de position et notamment son racisme éhonté, Griffith a cependant, avec près de 550 films à son actif en tant que metteur en scène (on tournait beaucoup à cette époque !), défriché presque toutes les voies du cinéma. Il a touché à tous les genres, a souligné l'importance du montage alterné et du gros plan. Il a rendu la caméra mobile et accordé une importance toute particulière au cadrage. Il a inventé le flashback, l'ouverture/fermeture en iris, le filtre… Il est, tout simplement, l'initiateur de la réalisation moderne. AlHolg