Le film dure 110 minutes et est totalement abouti. La comparaison avec simplement Le souffle de la violence vu la veille, western réalisé douze ans plus tôt, par un réalisateur moins doué, a pour conséquence de mettre en valeur le film de Visconti. Différences de qualité énormes au niveau des dialogues par exemple. Le metteur en scène italien maîtrise son sujet sur le fond et la forme, avec un résultat bien plus cohérent que Le professeur de Zurlini par exemple. L'écriture cinématographique de L'étranger est celle de la seconde moitié des années soixante. Il faut aimer, certes, car il ne se passe pas grand-chose, à part des conflits psychologiques. Enfin, il me semble que la restauration de la copie joue en faveur du film. Ce n'est toutefois pas le film de Visconti à voir en premier.

Sans partager l'enthousiasme de Vincentp, un film qui vaut mieux que sa piètre réputation, réputation qui vient d'une part de la rareté du film et d'autre part, des propos amers de Visconti lui-même.

Le scénario et le climat ensoleillé sont très fidèles au célèbre roman; la veuve Camus a imposé cette fidélité au cinéaste, au grand désespoir de ce dernier.

Marcello Mastroianni joue bien mais il est trop "latin lover", trop pittoresque pour le personnage de Meursault. On peut regretter qu'Alain Delon ait jeté l'éponge après un désaccord avec De Laurentiis. Pourquoi Visconti n'a t-il pas repris Jean Sorel, excellent dans Sandra ? C'est l'un des rares films que je connaisse à pâtir d'un casting presque trop charismatique.

Le film est également intéressant sur le plan visuel, grâce à la photo de Rotunno et au choix des décors algériens. Il faut en revanche adhérer, comme l'écrit Vincentp, à un style "austère" et "cérébral", proche de celui du précédent opus de Visconti, Sandra. Un style souvent admirable mais peu accessible pour le spectateur lambda de 2017.