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Une chronique douce-amère déconcertante


De vincentp, le 29 mai 2023 à 16:27
Note du film : 4/6

Les oeuvres de fin de carrière de Monicelli comme celle-ci sont ambitieuses, et visent ni plus ni moins qu'à expliquer le fonctionnement de la société humaine, au travers de péripéties concernant des personnages souvent exhubérants. Le récit d'origine de Il male oscuro a visiblement fait l'objet d'un remodelage assez lourd par les scénaristes, dont un Tonino Guerra, connu pour sa composante poétique, parfois excessive (cf suppléments de Kaos réalisé par les frères Taviani, qui expliquent avoir filtré ses idées).

Globalement, les films de Monicelli ne militent pas en faveur d'une révolution politique, par exemple marxiste, les problèmes trouvent plutôt leurs solutions dans un long processus douloureux et hasardeux (dans Il male oscur la cure psychanalytique avec un psychiatre bizarre !) sur fond de conflits familiaux, de couple, ou professionnels (ici les disputes à répétition entre le scénariste et le producteur d'un film consacré aux "amours de Judas Iscariote" via un interphone !). La plupart de ses films se moquent (gentiment) des idéologies politiques, philosophiques ou religieuses, qui n'apportent pas de solutions concrètes. Ces films montrent des limites à ces idéologies sur le quotidien des individus.

En fin de compte, ce fut une excellente rétrospective consacrée à Monicelli, avec beaucoup de films pointus mais très intéressants à découvrir, en ce mois de mai 2023. Il faut remercier toutes les personnes et institutions ("Istituto italiano di Cultura", "l'Italie à Paris", "Cineteca Nazionale") qui ont contribué à cette rétrospective, et qui ont apporté les copies. Je pense que Verdun et moi-même avons eu beaucoup de chance !

On mesure aussi via cette rétrospective la richesse de la culture italienne, littéraire et cinématographique, du XX° siècle.


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De verdun, le 29 mai 2023 à 15:59
Note du film : 4/6

Giuseppe Marchi (Giancarlo Giannini) est un écrivain peu fortuné d'une cinquantaine d'années. Allongé sur le divan d'un psychanalyste au talent discutable, il essaye de reconstituer son passé pour tenter de vaincre sa névrose. Il évoque des événements et des êtres qui vont peser sur sa vie.

Mon avis sera de la même teneur que celui de VincentP.

Effectivement il male oscuro est une réflexion, presque un essai sur la crise vécu par un presque quinquagénaire. Marchi est un scénariste qui n'arrive pas à écrire. Un homme vieillissant qui n'arrive pas à trouver le bonheur, malgré une idylle avec une femme beaucoup plus jeune. Et d'horribles douleurs abdominales viennent régulièrement l'assaillir. Alors que "le mal obscur" pourrait bien trouver ses origines dans son cerveau tourmenté…

Nous sommes ici bien loin de la comédie italienne d'antan. Ceux qui ont aimé le pigeon ou la grande guerre risquent de ne pas trouver leur compte dans cette oeuvre difficile d'accès de par son absence d'intrigue et de par certaines séquences de crise aussi éprouvantes que répétitives. Le style évoque le cinéma d'auteur de Bellocchio ou du Bertolucci de la tragédie d'un homme ridicule. Mais sans leur politisation car c'est la crise existentielle qui intéresse les auteurs. Le scénario évoque aussi certains romans de Moravia.

Il male oscuro est une oeuvre exigeante qui provoque plus de plaisir après sa vision que sur le moment, mais elle vaut le détour car elle ne manque ni d'intelligence ni de profondeur. Il convient aussi de reconnaître que Monicelli s'est attaqué à un sujet pas facile à filmer. Quelques moments retrouvent la drôlerie d'autrefois. Et c'est surtout l'interprétation de Giancarlo Giannini qui transcende un ensemble qui paraîtrait bien décousu sans lui. Mention spéciale également pour Emmanuelle Seigner, impeccable dans le rôle de la jeune maîtresse.

Avec le recul de la rétrospective, la fin de carrière de Monicelli n'atteint pas toujours des sommets et n'est pas d'un abord évident mais elle frappe par sa cohérence. Dans Une famille formidable, Facciamo paradiso ou Panni sporchi nous retrouverons une réflexion sur la famille, une prédominance de la tonalité douce-amère sur la méchanceté, des intrigues assez peu structurées et une observation du devenir de l'Italie en arrière-plan.


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