L'homme qui venait d'ailleurs est réalisé en 1976 par Nicolas Roeg (1928-2018). A l'origine directeur de photographie ou chef opérateur, Roeg sait filmer et saisir la lumière naturelle en extérieurs, nous proposant de très belles images, notamment des paysages désertiques des Etats-Unis mais aussi de la ville. Roeg est connu pour sa mise en scène kaléidoscopique (Wikipédia ajoute "Une des caractéristiques du cinéma de Nicolas Roeg est que ses films sont montés de manière disjointe et semi-cohérente. Ils ne prennent sens que lorsque le film touche à sa fin, quand une information cruciale est révélée".). Un procédé que l'on retrouve dans des films contemporains type Melancholia, lequel réemploie certaines images de ce film de Roeg.

Dans L'homme qui venait d'ailleurs, ce procédé se traduit par des séquences énigmatiques, qui prennent progressivement leur sens par un effort de réflexion du spectateur. Tout n'est pas réussi dans ce film, certains éléments du scénario semblent superflus ou incongrus et relever du tape à l'oeil. La durée de 2h15 semble également excessive, trente minutes de moins n'auraient pas porter préjudice. Le bilan reste largement positif, la beauté formelle, la recherche stylistique, le portrait juste d'une époque étant à mettre au crédit de cette oeuvre de Nicolas Roeg. Le thème principal, à savoir le caractère agressif de la civilisation humaine face à l'étranger, est globalement très bien traité, et doit intéresser un spectateur contemporain attentif et motivé.