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Le charme des films de Jack Arnold


De verdun, le 17 janvier 2021 à 22:31
Note du film : 4/6

Sorti aux Etats-Unis en 1958, Le monstre des abîmes est le dernier film fantastique de Jack Arnold pour Universal. Il succède à une série de titres mythiques: Le Météore de la nuit, L'Étrange Créature du lac noir, La Revanche de la créature, Tarantula ! sans oublier le légendaire L’Homme qui rétrécit.

Comparé à ces classiques du fantastique et de la science-fiction des années 1950, Le monstre des abîmes est souvent considéré comme un Jack Arnold mineur. Il faut dire que le cinéaste a dû composer avec un budget riquiqui et un scénario dont le postulat de départ peut paraître loufoque. Donald Blake, professeur de biologie dans une université américaine, fait venir un spécimen de coelacanthe. Mais ceux qui ont le malheur d'approcher de trop près le plus vieux poisson du monde régressent momentanément au stade préhistorique. Cela est dû aux radiations atomiques qui ont permis la bonne conservation de cette espèce exceptionnelle, pêchée à proximité de Mururoa…

Le monstre des abîmes est pourtant une bonne surprise. Malgré les restrictions budgétaires, des effets spéciaux surannés et d'autres aspects qui paraissent très kitsch en 2020, le talent de Jack Arnold éclate une fois de plus au grand jour. Le cinéaste est avant tout un compteur hors pair: on ne voit guère passer les 77 minutes de ce long-métrage. Il sait également instiller le suspense aux moments les plus inattendus. Par sa concision et son efficacité, le travail de Jack Arnold dans le domaine du fantastique équivaut à celui de Budd Boetticher dans le western. En outre, la photo en noir est blanc signée par le génial Russell Metty est de toute beauté.

Une fois admise l'idée de départ, le scénario brasse avec bonheur de nombreux thèmes en vogue dans la SF de cette époque -ainsi La mouche noire- ou dans les précédents films de Jack Arnold: les dangers des radiations atomiques, les expériences scientifiques partant d'un bon sentiment qui tournent mal, la transformation d'un doux docteur Jekyll en un Mr Hyde complètement fou, etc…La fin est d'un pessimisme étonnant, qui achève de donner une bonne impression d'ensemble. Le tout est servi par un casting sympathique où l'on retrouve Arthur Franz, inoubliable interprète de The Sniper, Joanna Moore, future maman de Tatum O'Neal, le jeune Troy Donahue ainsi que quelques seconds rôles bien connus des admirateurs du cinéma américain des années 1950.

Le monstre des abîmes a donc tout pour être un petit chef-d'oeuvre de la série B, comme le sont les autres réalisations de Jack Arnold pour Universal mais le maquillage du monstre, pas du tout convaincant, plombe ce bon -voire très bon- film et lui donne des allures de série Z. C'est hélas ce qui arrive parfois dans les oeuvres fantastiques des années 1950-1960, ainsi La gorgone de Terence Fisher.

Cela n'empêche pas Le monstre des abîmes de donner beaucoup de plaisir à ceux qui aiment les films de SF à l'époque où ces derniers n'étaient encore que des séries B pauvres en budget mais riches en talent et en inventivité.


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