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Pesant


De Impétueux, le 8 décembre 2016 à 18:58
Note du film : 1/6

Une pièce inachevée et disparate de Georg Büchner, écrivain révolutionnaire allemand mort du typhus en 1837, à l'âge de 23 ans ; et Woyzeck, tenu pour une œuvre importante de cette littérature là donne lieu à un opéra d'Alban Berg en 1925, à un album intitulé Blood Money d'un certain Tom Waits (ça doit être un chanteur de rock and roll) en 2000, une adaptation théâtrale de Bob Wilson à la même date et à pas moins de trois films, deux de parfaits inconnus, Janos Szasz en 2000 encore et de Nuran David Calis en 2012 et celui de Werner Herzog, qui date de 1979. Et qui a été réalisé juste après le tournage de Nosferatu, fantôme de la nuit, lui aussi avec Klaus Kinski et dans une des villes qui avait servi de décor au sombre film sur le comte vampire.

C'est d'ailleurs là qu'est le seul intérêt de Woyzeck : le décor inquiétant, baroque, surprenant d'une ville de ce qui fut un monde à part, cette Mitteleuropa, si lointaine et si proche, où rien ne ressemble à nos paysages français : clochers à bulbes, hautes façades à pignons austères, pourtant coloriées comme des pâtisseries en pâte d'amandes, avec des teintes vives qui tentent de compenser l'éternel ciel gris de ces contrées étranges, places à vastes perspectives, sérieuses et corsetées comme des temples luthériens.

Mais pour le reste, c'est un grand ennui et une phraséologie verbeuse, emphatique et pesante. Un pauvre soldat, Woyzeck (Klaus Kinski) est une sorte de souffre-douleur – un représentant de la peine et de la douleur des humbles – méprisé et utilisé par tous, dans une bourgade étouffante de Saxe ou de Thuringe, écrasé par mille fatalités et soumis à toutes les dominations. Il est le père d'un enfant illégitime qu'il a eu avec la belle Marie (Eva Mattes) qui, elle, rêve à des amours plus éclatantes, en tout cas moins parcimonieuses. Et, naturelle évidence, un tambour-major bien découplé et fort chamarré (Josef Bierbichler) séduit la fille, que Woyzeck tue, en pleine douleur.

Le meurtre est intelligemment mis en scène, dans une sorte de touffeur verte, avec un Kinski illuminé et sauvage, dans un concert musical étrange, brutal, grinçant ; et de la même façon les scènes sur la grande place froide (qui est celle de Telc, petite ville de Tchéquie, déjà montrée dans Nosferatu) ont de la densité et de la grandeur.

Mais c'est terriblement verbeux, de cette verbosité spécifique au romantisme allemand, pleine de théâtralité et de suffisance. Et on s'ennuie beaucoup dans une sorte de fatalité brumeuse, sérieuse, frileuse qui me semble vraiment très éloignée de notre regard occidental. On songe à d'autres films, ceux de Michael Haneke, moins baroques et plus glaçants encore, comme Le ruban blanc, où l'on sent la pesanteur des nuages…


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