La cinémathèque fait feu de tout bois en ce moment, entre les classiques, le cycle Boorman qui s'achève et celui des films à grand spectacle qui va commencer… Les salles d'art et d'essai parisiennes (s'il en reste) doivent grimacer. J'en suis à la 57° séance en 10 mois rue de Bercy, frôlant la surchauffe par moments. Ce soir, c'était l'excellent Duel dans le Pacifique, grand classique, revu avec plaisir, porté par la photographie de Conrad Hall, la musique de Lalo Schifrin, l'interprétation de Toshiro Mifune, Lee Marvin et bien sûr la mise en scène de John Boorman. Boorman est un maître pour raconter une histoire située en pleine nature, et filmer comme nul autre l'eau et la forêt. Le récit de Hell in the Pacific est intelligent, drôle, émouvant. Des images marquantes : le radeau, filmé à des distances différentes de la mer, dans des conditions climatiques diverses. On vibre aux exploits des héros. Dommage que la conclusion de ce film ne soit aussi abrupte.

Suivait Rangoon (réalisé par Boorman en 1995), invisible depuis longtemps en salles et en dvd, pour des raisons mystérieuses. Une très belle surprise. Rangoon lorgne vers L'année de tous les dangers (1982), la Birmanie remplaçant l'Indonésie. L'un et l'autre mêlent dimension politique et réflexion sur le sens de la vie… Le pari n'était pas gagné d'avance pour Rangoon. Il est réussi grâce à un rythme soutenu, et une histoire qui se renouvelle avec habileté pendant environ cent minutes. Et une nouvelle fois, on retrouve une photographie magnifique d'un fleuve et d'une forêt, parfaitement imbriqués dans le récit. L'alternance d'épisodes réflexifs, s'interrogeant sur les souffrances de la vie terrestre, avec des scènes d'action -et de massacres de civils par une junte aux abois-, est un point notable. La musique de Hans Zimmer, typée new-age, bien que un peu répétitive, sert à donner de l'ampleur à cette histoire. Et Patricia Arquette réalise une prestation remarquable…

Oui, avec également (entre autres) les excellents Queimada et Go tell the spartans, jadis sortis de façon calamiteuse en zone 1, et qui espérons-le, serons plus soignés par la Fnac.

Hélas, La vieille fille annoncée est le film avec Bette Davis, et pas celui avec Noiret-Girardot, qu'on se désespère de revoir un jour.