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Poétique mais sommaire


De Impétueux, le 23 octobre 2018 à 19:29
Note du film : 3/6

Comment noter un film – et un univers ! – qui vous sont radicalement étrangers, à tous les sens du terme ? C'est exactement comme si on me demandait de classer dans un palmarès des setters irlandais (ou des géants des Flandres, qui sont une variété d'énormes lapins de concours). Non seulement je n'y connais rien, mais en plus ça ne m'intéresse pas et faire l'immense effort de m'initier à tous les codes indispensables pour profiter du plaisir de connaître son affaire dépasse de loin mes capacités et surtout mes envies. Alors je place une note médiane qui ne repose pas sur grand chose, finalement.

J'ai regardé Le voyage de Chihiro sur l'affectueuse injonction de quelqu'un qui m'est cher ; peut-être le fait de transformer en devoir ce qui devrait n'être qu'un plaisir – celui de regarder un film qu'on a choisi – a-t-il un peu gâté mon jugement, l'a-t-il un peu orienté, mais ce n'est sans doute qu'à la marge. C'est un fait : le Japon m'est glaçant – au pire – ou indifférent – au mieux -, les dessins animés japonais semblent être au degré zéro de l'animation à qui a été baigné, dans son jeune âge par les somptuosités de Blanche neige, Cendrillon, La belle au bois dormant et je trouve que consacrer deux heures à une histoire aussi biscornue et insignifiante est bien exagéré.

Il faut mettre au crédit de Hayao Miyazaki une inventivité visuelle assez bluffante et le talent de composer, ici et là, des images superbes, pleines de grâce, de délicatesse, de poésie. Des tas de séquences sont charmantes, d'autres bien inquiétantes et troubles. Contrairement aux films de Walt Disney de la bonne époque, qui sont souvent très guindés, il y a de la férocité, de l'outrance, de la cruauté gratuite. Mais ça ne me suffit pas.

Je n'ai pas compris grand chose au film. Voilà qui n'est pas très grave, d'autant que les gloses qui ont fleuri ici et là et notamment les considérables développements lus sur Wikipédia ont éclairé ma lanterne. Et puis de toute façon il me semble qu'on n'a pas à attendre de ce genre de cinéma un récit bien structuré. Il est vrai qu'écrivant cela, je me trompe peut-être complétement ; j'apprends ainsi avec stupéfaction que l'esprit putride qui se présente à un moment donné pour être baigné et nettoyé est davantage qu'une boule dégoutante de merde, comme je le croyais, mais aussi le symbole vivant d'une rivière polluée. Diable ! Voilà ce que je n'avais pas du tout perçu ! je n'avais vu là qu'une concession assez répugnante à la fascination éprouvée par des générations de galopins aux horreurs scatologiques (le caca-boudin en action, en quelque sorte).

Gagné par l'ennui, j'ai essayé de retrouver des références cinématographiques dans ce concert d'images étrangères… Pourquoi pas ? Des têtes coupées vertes qui sont les compagnes de la sorcière Yubaba, je me réfère à l'homme-tronc (bien réel, celui-là !) de Freaks ; les architectures compliquées où évolue Chihiro m'ont fait songer à La cité des enfants perdus de Caro et Jeunet), la physionomie du Sans visage aux personnages masqués de Eyes wide shut. Et ici et là, des réminiscences d'Alice au pays des merveilles

Le château dans le ciel, vu il y a quelques mois m'avait en tout cas paru plus cohérent, finalement plus conforme à l'idée que je me fais d'un dessin animé. Mais il se peut que je me trompe du tout au tout…


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De Torgnole, le 9 mai 2008 à 11:30
Note du film : 6/6

"Mais en dépit de toute l'excellence de la facture de ce Miyazaki, je ne le regarderai pas deux fois. "Princesse Mononoke", pourtant encore meilleur selon moi, non plus. Pourquoi donc ?"

Et bien cela vous regarde uniquement vous car dans mon cas, je dois bien avoir vu ces deux là au moins 5 fois chacun. Et je vais répeter ce que j'ai déjà dit sur le topic de Ghost In The Shell. Le plaisir ne se ressent pas seulement grâce à la qualité de l'animation mais grâce à de nombreuses autres qualités comme les ambiances marquées par une musique qui accompagne chaque scène à la perfection, un alliage de couleurs agréables, une imagination foisonnante pour créer de somptueux décors où évoluent des créatures très attachantes, la richesse des thèmes et des messages, la poésie et le symbolisme latent qui n'a pas besoin d'interprétation alambiquée pour être compris, la complexité des personnages qui ne sont jamais foncièrement méchants et ont droit à leur rédemption, leur histoire et leur psychologie.

"Le sentiment de "très bien réalisé" n'implique pas le soulèvement de questionnement comme le font les Disney (uniquement ceux d'avant 1959 !…), à savoir : "MAIS COMMENT ils font ça ?!?" (les mouvements ne sont pas juste fluides, là intervient carrément le facteur de beauté). Ce qui, là, renouvelle le désir d'un énième visionnage…"

Je trouve cela dommage justement que le Dessin Animé doit surtout se résumer à une prouesse d'animation, cela revient à dire, qu'un film devrait se résumer à une prouesse d'effets spéciaux et de beauté de l'image. L'animation de Disney est incroyable certes, c'est beau, fluide, mais cela limite tout le reste, et chaque scène Disney est un pretexte pour afficher des prouesses d'animation chiadées et jouer dans la sensiblerie facile. Dans les Miyazaki, "le soulèvement de questionnement" ne s'applique pas au niveau de l'animation mais au niveau de l'histoire. Certains passages fonctionnent émotionnellement et certaines situations font réfléchir pas parce que l'animation est bonne mais parce que tous les facteurs, éléments, instruments qu'on utilise dans les dessins animés, sont exploités au mieux pour que la magie opère.

A part ça, j'ai mis un 6/6 mérité à cet anime étant donné le plaisir qu'il m'a procuré. Quand je suis sorti du cinéma, je me souviens avoir passé le reste de ma journée d'excellent humeur, du rêve plein la tête et jamais aucun Disney ne m'a fait cet effet même quand j'étais tout pitit pitit…


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Chihiro


De Saburo Ichimonji, le 2 avril 2004 à 20:23
Note du film : 6/6

Un conte simplement et pûrement magnifique,dans lequel on se laisse bercer en souhaitant que le monde de fous dans lequel nous vivons ne vienne plus nous réveiller.Des dessins animés de cette tranche là,il n'y a qu'un homme capable de nous les raconter avec autant de brio et cette personne est bien-sûr Miyazaki.Je pourrais en dire d'avantage à propos de ce chef d'oeuvre mais je préfère être bref et replonger immédiatement dans ce monde inouï ou plus aucun problème n'a accès pour nous déranger.


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De chikito, le 7 mai 2002 à 08:34

Bravo M. Miyazaki, à quand le prochain ? Moi qui ne suis pas une fan des mangas, j'accompagne mon ami, mais à chaque fois qu'il m'emmène voir un des films de M. Miyazaki, je ne suis jamais déçue. Merci pour le bonheur que vous m'apportez en regardant vos OEUVRES !!!


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Critique


De totoro

Avec ce film, le Maître incontesté de l'animation Japonaise, Hayao Miyazaki signe ni plus ni moins, son troisiéme chef-d'oeuvre animé, consécutif à Mon voisin Totoro et Princesse Mononoké!

L'animation est d'une grande créativité. La gestion du mélange de 2D et de 3D est devenue la grande force du réalisateur, capable de scènes au style très épuré, et d'autres (la première visite chez la sorcière) très travaillées, hyper-réalistes. Ou même de plans mélangeant les deux sans qu'on repère vraiment les deux techniques. Mais au-delà de la technique, ce qui ravit dans le film, c'est la richesse et la générosité visuelle qui nous sont offertes. Pas un plan n'est fait au rabais, mieux, chaque fois qu'il peut en donner plus, le réalisateur n'hésite pas. Les personnages sont ainsi tous hauts en couleur, issus d'un imaginaire fertile et délirant

Mais c'est surtout au niveau des thèmes abordés que Le Voyage de Chihiro atteint le stade de chef-d'oeuvre.

"Les enfants japonais se gavent de jeux vidéo et s'éloignent des choses essentielles, et en deviennent amorphes et ceci constitue un danger pour la civilisation à venir". C'est en ces termes que Miyazaki explique la genèse de son film. En effet, nous sommes à mille lieues des dessins animés à la Disney où tout le monde prend bien soin d'arrondir tous les angles, pour ne rien dénoncer, pour ne rien proposer… Miyazaki est intransigeant : on retrouve ainsi toutes les passions et obsessions du cinéaste dans ce bijou surprenant. Film par film, le cinéaste construit ainsi une oeuvre unique et harmonieuse.

"Celui qui perd ses racines est condamné à disparaître" prévient le maître; La petite Chihiro est bien plaintive et froussarde et fatiguée au début du film et cette "errance" dans le monde magique des esprits, des dieux et des âmes damnées va "réveiller" la petite fille et la "révéler " à elle-même. Et ceci gràce à un mystérieux esprit: Aku…

Il ne s'agit pas d'un parcours initiatique (comme beaucoup de critiques l'ont dit) mais plutôt d'un sursaut, d'une prise de conscience des possibilités que l'on a en soi, d'une "seconde naissance". Et, sauver ses parents, c'est sauver ses racines ! La réflexion sur les prénoms est à cet égard remarquable. Chihiro devient Sen et doit redevenir Chihiro. Le titre Original japonais nous résume dèjà tout le sujet de cette oeuvre. "Celui qui perd son VRAI nom ne peut plus revenir" dit Haku à Chihiro, tout le cœur du film est là. Haku est lui-même perdu car il ne se souvient plus de son VRAI nom… Miyazaki réussit l'impossible: nous montrer l'âme, cette chose invisible mais bien présente qui fait notre caractére propre et qui nous tient DEBOUT. L'importance de ne pas oublier d'où l'on vient (les racines, notre culture) est ici symbolisé au niveau intime (Aku, l'esprit de la riviere qui a "sauvé" Chihiro bébé de la noyade et les parents de Chihiro) et au niveau d'un pays (les esprits et dieux du Japon: l'animisme de l'orient primitif, est le fondement,les bases constructives de la "maison-japon"). L'approche de Miyazaki n'est ni enjolivée, ni manichéenne, elle est JUSTE: "En faisant le film, tout dedans est "Faux" car ce n'est que du cinéma, du rêve ; mais à aucun moment je n'ai menti" nous déclare malicieusement le Maître.

Donc, Le Voyage de Chihiro se rèvéle être un chef-d'oeuvre plein de sagesse, mais aussi un signal d'alerte qui résonne comme un avertissement sur le danger qui menace notre avenir (notre devenir) : l'oubli de soi, l'oubli des origines, l'oubli des autres… Sans tout cela, rien n'est constructible et tout serait amené donc à disparaître! A nous de comprendre cela, à temps.


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