Parfois qualifié de "péplum parodique", ce film n'est pas une parodie du tout mais un bon vieux péplum de cinéma de quartier qui a eu l'heureuse idée de mêler l'humour et l'action, l'ironie et l'acrobatie, à la manière de certains films de pirates ou épisodes de Robins des Bois.

Les Titans bénéficie d'abord du fait que notre héros n'est pas du tout un Monsieur Muscle façon Steve Reeves ou Reg Park: s'il a été choisi par les dieux pour affronter le dangereux roi de Crète, c'est que de tous les Titans, il était le plus malin et non le plus fort. Dans ce rôle de bondissant trublion, le jeune et sympathique Giuliano Gemma, récemment disparu, est tout à fait à sa place. Mais centrer le récit autour d'un héros gouailleur de ce genre n'empêche pas de servir aussi le jeune public avide d'aventures musculaires, en flanquant ledit héros d'un acolyte à la présence imposante, Serge Nubret, pionnier français du culturisme, à la peau noire comme l'ébène, qui quinze ans plus tard talonnera Schwarzenegger dans quelques concours internationaux.

En outre, le film apporte un soin étonnant (et un budget qui semble pour une fois conséquent !) à ses décors, ses costumes, ses scènes de foule – les étranges cavernes aux couleurs impossibles où s'ouvrent les Enfers, par exemple – si bien qu'on n'est pas trop surpris de retrouver au générique la scénographe Ariane Mnouchkine, future réalisatrice de Molière. La musique fort réussie de Carlo Rustichelli sait se faire grotesque, solennelle ou tendue selon les besoins. Avec parcimonie, on y sait se servir de sympathiques trucages, plutôt réussis ma foi, pour incarner – brièvement – un cyclope qui monnaie ses éclairs (sic), ou encore l'immense et malpropre Vulcain, à qui le titan Gemma emprunte pour une nuit le casque qui rend invisible.

La jeune et émouvante Jacqueline Sassard fait mal aux yeux dans le rôle de la fille du roi de Crète, maintenue cloîtrée à l'écart des hommes en raison d'une prophétie de malheur lancée par la Pythie au début du film. Sa maman est campée avec une égale conviction par l'accorte mais fourbe Antonella Lualdi. Quant au mégalomane roi de Crète, qui a interdit la religion traditionnelle sur toute l'île pour la remplacer par son propre culte de dieu-roi, c'est l'excellent Pedro Armendariz qui lui prête ses traits. Bref, ces acteurs savent jouer et contrairement à ce qui se passait souvent dans les péplums, ils restent crédibles quand vient le moment de déclamer malédictions, renoncements et autres tirades.

Enfin, un peu comme dans Hercule à la conquête de l'Atlantide, où les Atlantes, ces pré-nazis, tentaient de fabriquer une race de surhommes, il y a ici une thématique philosophico-historique sous-jacente: en l'occurrence c'est la divinisation de l'Homme. Les malheureux Crétois qui doivent vénérer un roi qui s'est fabriqué une fausse essence divine et a fini par croire lui-même à ses propres mensonges. Pas étonnant que les dieux se soient mis en pétard et lui aient envoyé un Titan dans les pattes…

Bonjour; "Les Titans" reste pour moi un péplum parodique d'excellente facture et un souvenir impérissable de ma tendre enfance (j'avais 10 ans quand le film est sorti). J'étais sous le charme de Giulianio Gemma et sa belle tignasse "blonde" ainsi que son corps parfaitement sculpté – Jaqueline Sassard était à mes yeux d'enfant une ange dont la frimousse représentait la douceur même – Quant à Pedro Armandariz (je croyais qu'il était mexicain mais on m'a dit qu'il était espagnol) me faisait peur dans son rôle de méchant à la pesonnalité confirmée. Je restais des heures à regarder admiratif l'affiche (avec Serge Nubret aussi et son corps herculien) (sur tous les murs de Casablanca) à la sortie de l'école et j'étais très heureux de le voir au cinéma; ce fut un moment de bonheur sublime. 30 ans plus tard, le film est passé dans une de nos chaîne nationale et je l'avais enregistré en VHS et malgré tout avec l'avènement du DVD, j'étais à la recherche de ce film en vain. Il y a 3 ans à peu près le film est passé sur "ACTION", la chaîne de TPS et je l'ai à nouveau enregistré sur un support DVD; le résultat est excellent et le format est en 16/9 ème. Je le vois et revois de temps en temps avec un plaisir juvénile. C'est un "DVD" que je garde très précieusement.