El Dorado réalisé en 1966 par Howard Hawks sur un scénario de Leigh Brackett développe les thèmes typiques du cinéaste, à commencer par un éloge appuyé du professionnalisme. Ce concept est incarné par les deux médecins (celui de famille, et le jeune spécialiste, mieux formé et plus compétent en matière de chirurgie, amené à remplacer en mieux le premier), le tueur (Christopher George) et son alter ego (John Wayne). Ces professionnels produisent un diagnostic rigoureusement exact de la situation du moment présent, et échafaudent des plans pour l'avenir. Ils connaissent leurs limites personnelles, ne s'exposent pas individuellement et inutilement. Face à la meute de mercenaires appuyant Edward Asner, Wayne opère une prudente retraite en faisant reculer son cheval de façon spectaculaire. Ces professionnels s'appuient sur les compétences des anciens (incarnées par Arthur Hunnicutt) et produisent de nouvelles compétences (la formation aux armes de James Caan).
Moteurs du professionnalisme : l'amitié (Robert Mitchum), qui permet de bâtir un projet collectif. Les sentiments voués à des jeunes femmes aux formes généreuses qui permettent de franchir les obstacles. Selon Hawks, le professionnel doit être au service d'une cause juste, le respect de la propriété d'autrui dans des limites raisonnables, le respect de l'intégrité physique et morale des individus. Il doit s'appuyer sur les anonymes de la cité, telle la mexicaine guidant James Caan et représentant le volet intégration des Etats-Unis. Tout ceci ne serait que vain discours sans une forme de qualité exceptionnelle, produisant un spectacle qui va crescendo. Peu de scènes spectaculaires, simplement une succession de séquences parfaitement construites, avec un suivi très précis de la transformation psychologique des individus, associée à leurs actions du quotidien (comme une simple patrouille en duo dans les ruelles de El Dorado).
N'empêche que lorsque je songerai à Hawks je retournerai bien davantage vers ses films d'Afrique, La terre des pharaons et surtout Hatari ! : la vieille terre originelle me semble correspondre beaucoup mieux à son intelligente complexité.
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