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Bon polar noir


De Impétueux, le 15 janvier 2021 à 21:50
Note du film : 4/6

Un film de bonne qualité courante, qui tient la distance et intéresse le spectateur. Ceci malgré un scénario d'une grande banalité comme les États-Unis du début des années Cinquante en suscitaient à la pelle. Une histoire où un homme seul, un petit policier honnête, pur, franc, Dave Bannion, (Glenn Ford) se bat tout seul contre le monde entier, à tout le moins contre toutes les fripouilles de son patelin, qui ont, d'ailleurs gangrené la police du comté. On a vu ça dix-mille fois. Est-il besoin d'ajouter qu'à la fin, c'est le bon policier qui gagne, est-il besoin d'ajouter que, avant de l'emporter sur les canailles, il aura connu les pires vicissitudes, notamment l'assassinat de sa femme, qu'il aimait tendrement ?

On sait donc d'emblée que ce policier honnête en lutte contre les canailles rencontrera les embûches habituelles, la lâcheté et l'agressivité de sa hiérarchie supérieure, les appels de ses amis à la mansuétude, tout ce qui peut parer de lumière le héros lorsqu'il franchit les épreuves. Ça marche depuis l'Antiquité et il n'y a pas de raison que ça s'arrête ; en fait ça nous rassure et ça nous donne à penser que les choses vont dans le bon sens, ce qui est idiot, mais rassurant.

Mike Lagana (Alexander Scourby) est le patron incontesté de la contrée et il tient dans sa main souple un paquet de sbires, de complices et d'obligés. Une main souple qui ne veut pas trop d'histoires sanglantes, parce que ça fait du tort et ça peut exciter l'attention des hautes autorités. Mais enfin on n'a rien sans rien et lorsqu'il faut se débarrasser d'un flic trop exigeant ou d'une gonzesse qui prétend s'émanciper, il n'y a plus d'états d'âme ; toujours, néanmoins en faisant le moins de vagues possible.

Ça se gâte vite lorsque le sergent Bannion (Glenn Ford) se mêle de se préoccuper du suicide d'un de ses collègues, Duncan et d'aller chercher des poux à sa veuve, Bertha (Jeanette Nolan), qui, de fait, n'est pas bien nette. D'ailleurs, dès qu'on gratte un peu le terreau, dès que Bannion fouille parmi les relations, les amis, les maîtresses, les affaires du suicidé, il découvre tout ce qu'il faut pour alimenter ses interrogations.

Et surgissent alors des tas de types plus que douteux, au moment où une fille publique, Lucy Chapman (Dorothy Green) vient d'être assassinée, alors qu'elle tentait de donner des informations. Et ainsi de suite. Tant que Bannion ne touchait pas au sommet de la hiérarchie, ça allait ; dès qu'il commence à aborder les hautes sphères, ça ne rigole plus. On piège sa voiture ; manque de pot : c'est sa femme, la délicieuse Katie (Jocelyn Brando), qui explose. Et ainsi de suite. On va s'arrêter là et ne pas raconter la fin de l'histoire.

Le plus intéressant, dans le film de série réalisé par Fritz Lang, c'est le soin accordé aux seconds rôles : d'abord Lee Marvin, qui interprète Vince Stone, tueur psychopathe, sadique, d'une violence malsaine, dépourvu de toute empathie, de toute humanité, un des personnages les plus détestables de la riche histoire des canailles cinématographiées. Puis Gloria Grahame, qui est Debby Marsh, espèce de fille facile lasse de la vie glauque qu'elle mène avec Vince Stone mais qui n'a ni l'envie, ni la possibilité d'en changer sauf à en mourir…

Règlement de comptes n'est pas un film facile, ni très optimiste. Bien sûr les criminels sont punis et, finalement, les policiers qui étaient sous leur coupe regimbent et retrouvent une certaine dignité. Mais il n'y a pas le happy end – qui serait ridicule et même indécent – d'une histoire où Bannion se consolerait de la mort de sa femme dans les bras de la ravissante Debby. Il reste seul. Et pour toujours sans doute.


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De vincentp, le 4 novembre 2011 à 22:32
Note du film : Chef-d'Oeuvre

Revu ce soir sur grand écran. La mise en scène est parfaite (d'une puissance impressionnante), dans le sens de la sobriété : pas de mouvements de caméras spectaculaires, jusque ce qu'il faut pour que le spectateur se retrouve au coeur de l'action et de la réflexion. L'interprétation, toute en sobriété, de Glenn Ford dans le rôle du sergent Bannion est tout aussi parfaite (un des plus grands acteurs des années cinquante-soixante, évidence même) et complète parfaitement la mise en scène. Le portrait du gangster (Lagana) est également très réussi. Et très belle interprétation de Gloria Grahame.

Je verrais ce récit comme le portrait (ultra-réussi) d'un individu en rébellion froide contre un système totalitaire, dans le cas présent basé sur l'argent. Cette rébellion s'exerce en respectant des valeurs morales, sans franchir la frontière qui sépare le bien du mal (mais de justesse), pour au final un renversement -un peu heureux- de situation sociale et politique (respect des conventions hollywoodiennes de l'époque oblige). Le sergent Bannion fait preuve d'un courage et d'une détermination sans faille, qui éclairent (à mon sens) une facette de la personnalité de Fritz Lang et sa vision du monde.

Enfin, le sujet du film peut être appliqué à notre époque, à la vie du quotidien, celle de cols blancs et bleus face au bulldozer de la mondialisation et aux diktats d'une économie de marché. La vérité du moment peut être celle du plus fort en terme de moyens matériels, pas celle du plus méritant en terme de mise en oeuvre de valeurs morales. Règlement de comptes demeure très moderne, près de soixante ans après sa réalisation.


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