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Mafia, Sciascia, Damiani... tutto bene


De vincentp, le 20 mai 2022 à 21:27
Note du film : 5/6

5,4/6. Il ne s'agit pas d'un thriller, mais d'un film politique. Pour Damiani, qui est d'obédience marxiste, le pouvoir est corrupteur et génère une technocratie aux mains de quelques-uns, appuyés par les banques ou le clergé. Le casting du pouvoir est compliqué, et on peut comprendre qu'il nous ait fallu un mois complet pour produire un gouvernement au sein duquel on retrouve au final toujours les mêmes profils, qui évidemment agiront en fonction de leurs intérêts personnels, tout en prétendant le contraire. L'essentiel est que La mafia fait le loi (1968) est un spectacle de qualité, bien déroulé, souvent amusant, et moderne aujourd'hui. Caractéristique récurrente chez Damiani : partir d'un fait divers, pour l'ausculter sous tous les angles et croiser les points de vue de personnages.


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De verdun, le 25 juin 2020 à 23:21
Note du film : 4/6

Années 1960. Le capitaine Bellodi (Franco Nero), jeune officier des carabiniers en provenance de Parme, vient d'être affecté dans un petit village de Sicile. Il est chargé d'enquêter sur le meurtre du patron d'une entreprise du bâtiment. Cette affaire est, à première vue, d'une grande banalité: le défunt semble avoir été tué par jalousie. Mais très vite, Bellodi se rend compte que le chef d'entreprise a été tué en raison de son refus de coopérer avec la mafia locale. D'abord confiant, le capitaine des carabiniers va dès lors se heurter au silence assourdissant de la population du village.

Damiano Damiani s'est fait connaître dans la première moitié des années 1960 avec quelques films d'auteur en noir et blanc, notamment la première version de L'ennui d'après Moravia. En 1966, il met en scène El Chuncho, l'un des meilleurs western italiens jamais tournés.

La mafia fait la loi marque un tournant dans la carrière de Damiani, car c'est le premier d'une longue série de films que le cinéaste va consacrer à la mafia jusque dans les années 1980. Ces fictions engagées soulignent toutes l'emprise profonde de "la pieuvre" sur l'ensemble de la société italienne mais ce qui me frappe, a posteriori, dans ce cycle est la diversité des styles adoptés car le réalisateur va dénoncer les méfaits de la célèbre organisation criminelle par le biais du portrait de femme (Seule contre la mafia), du thriller politique tonitruant (Confession d'un commissaire de police au procureur de la république) ou plus posé (Un juge en danger), du cauchemar kafkaïen carcéral (Nous sommes tous en liberté provisoire), de la mise en abyme (Perché si uccide un magistrato) ou de la série télé (La piovra).

Au vu de son point de départ, à savoir une enquête de police, on pouvait l'attendre à ce que La mafia fait la loi soit traité comme un pur thriller mais l'action est assez peu présente ici. Damiani préfère se consacrer à une description précise, parfois proche du documentaire, des moeurs siciliennes et surtout du mécanisme d'omerta. Le capitaine Bellodi est sûr de lui et des ses conclusions mais il se heurte au mur invisible de la corruption, du secret et du silence, qui l'empêche d'obtenir les preuves dont il aurait besoin. C'est ce silence pesant qui crée la tension dans ce film, davantage que les rebondissements de l'enquête menée par le capitaine.

La mise en scène est intéressante, notamment cette idée inoubliable consistant à mettre face à face, de part et d'autre de la grande place du village, le commissariat de police et la villa du très puissant parrain local (bien incarné par Lee J.Cobb), qui du coup se toisent, se jaugent et s'observent à la jumelle.

De nombreux éléments évoquent le western italien notamment l'atmosphère et des décors. Les paysages arides de Sicile sont magnifiés par la photo de Tonino Delli Colli, illustre collaborateur de Sergio Leone. Le premier rôle est confié à Franco Nero, qui s'était fait connaître par ses rôles dans le western spaghetti, notamment Django. Il est parfait. Claudia Cardinale est magnifique dans un rôle de veuve forte et déterminée qui ne peut que faire penser à celui qu'elle tiendra à la même époque dans il était une fois dans l'Ouest. La manière théâtrale, ritualisée qu'ont les flics et les voyous de s'opposer évoque aussi le western all'italiana.

L'ensemble est peut-être légèrement trop long et on peut préférer sur un sujet similaire, une autre adaptation d'une oeuvre de Leonardo Sciascia, peut-être un tout petit peu plus puissante: A chacun son dû de Elio Petri.

Mais La mafia fait la loi est un film direct, qui a la force d'un réquisitoire, tout en faisant preuve de sobriété contrairement à certains Damiani ultérieurs. Un bon 4,5/6.


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