"Mon père disait tout dont on se souvient vit."

Les loosers enfin au balcon loin du paraitre, de la simulation, du bistouri et de la tyrannie du dollar le temps de quelques rencontres amicales et festives.

Des moments simples et de partages en compagnie de seniors éprouvés ayant toujours la force de sourire, de se soutenir et d'avoir des projets.

On se quitte pour mieux se retrouver avec toujours quelque chose à se raconter.

Chaque existence possède son lot de joies et de douleurs que l’on expose à son compagnon d’infortune dans un environnement ou l’on fait bien souvent ses besoins à ciel ouvert.

Les nuits sont fraiches, les repas sommaires et répétitifs, tout ne tient que par miracle mais on y croit, on s’accroche à la vie et à tout ce qu’elle offre.

On récupère ce que l’on peut ou l’on peut bien souvent sur des sites vides et poussiéreux ne semblant jamais avoir de fin.

Les traits sont tirés, les petits boulots glanés çà et là sont sans éclats, la fatigue est constante mais on avance au contact d’un groupe accessible toujours courtois jamais avares de confidences.

On a toujours quelque chose à se dire et ce quelque chose est bien souvent pathétique et émouvant n’épargnant nullement les sens de celui qui écoute qui lui-même n’est pas en reste avec sa part de malheur.

Un nouveau monde sincère, respectueux, débrouillard, solidaire, affectueux, digne et endurant auquel il faudra bien un jour ou l’autre attribuer la définition de seule et unique vérité.

Parcourant de long en large une nature quelquefois abondante bien souvent dénudée contenant toutes les réponses à condition de les accumuler au contact d'un monde volatile ou le seul objectif est de rester debout.

Oscar du meilleur film en 2021, Lion d'or 2020 à Venise, Golden Globe du meilleur film dramatique en 2021, Nomadland, écrit et réalisé par Chloé Zhao, n'est pas passé inaperçu. C'est la version moderne de God's Country, mais situé dans l'ouest des Etats-Unis, sur les traces de travailleurs pauvres qui se déplacent et vivent dans leur véhicule aménagé. Nomadland est très réussi, subtil assemblage d'éléments disparates : aspects romancés et documentaires, acteurs professionnels et d'occasion, ingrédients dramatiques et de comédie relative… La trouvaille est de montrer les interactions entre les institutions sociales et économiques, les personnes intégrées au système et ceux qui se situent à sa marge ou carrément en dehors, ce qui confère à l'ensemble un caractère juste et non manichéen. Il est question d'astronomie, de communion avec la nature, une façon de parler du temps et de l'espace… Variété des thèmes abordés, originalité de leur traitement, mais aussi qualité des plans et des images, soigneusement composés, avec un montage impeccable, pour un des films incontournables de 2020.