Une chronique atypique qui annonce le cinéma de Robert Mulligan avec ce narrateur qui raconte les faits avec le point de vue de l'enfant qu'il était durant leur déroulement. Ce n'est pas vraiment un western malgré ce que laisse penser l'affiche malgré les revolvers qu'arbore le pasteur et le cadre spatio-temporel. C'est dire si Stars in my crown est inclassable, ce qui est déjà beaucoup.

La mise en image est remarquable (photo, cadrages, réalisation). La psychologie est fouillée. Les dernières scènes sont très belles et la référence au Ku Klux Klan assez rare (sauf erreur de ma part) dans les films hollywoodiens de cette époque.

De mon point de vue ce n'est pas le meilleur Tourneur, il manque la magie de La griffe du passé ou de Rendez-vous avec la peur mais les amateurs du grand cinéma américain des années 50 se doivent de voir ce film demeuré longtemps invisible.

Stars in my crown (1950) raconte quelques épisodes de la vie d'une petite ville du sud des Etats-Unis, Walesburg, après la guerre de Sécession, en partie par la voix-off d'un vieil homme qui se remémore son enfance. Cette voix-off se superpose aux dialogues échangés par les protagonistes. Un ton nostalgique, réflexif, croisés avec des aspects drôles ou dramatiques, portent un combat entre des forces éclairées et d'autres obscures. La photographie en noir et blanc, avec des images quasi-fantastiques par moments, souligne cet aspect.

La mise en scène -brillante- de Jacques Tourneur bâtit une atmosphère de petite cité et caractérise ses habitants par la musique et les chants religieux, des plans-séquences sophistiqués, des mouvements de caméras suivant au plus près les déplacements des personnages… Le scénario (*), très élaboré, aborde des thèmes existentiels en lien avec l'activité au quotidien d'hommes et de femmes, d'enfants et d'adultes, d'orientation philosophique, religieuse ou politique différentes. Joel mcCrea, dans le rôle du pasteur de la cité, est tout simplement remarquable.

(*) Un scénario adapté d'une histoire de David Brown par Brown lui-même et par Margaret Fitts, auteur du scénario de Le roi et les quatre reines de Raoul Walsh, et contributrice de celui de Moonfleet.