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La grâce d'Audrey Hepburn


De DelaNuit, le 2 octobre 2015 à 19:13
Note du film : 4/6

La sortie de Vertes demeures parmi les Trésors Warner de la collection TCM (en fait, le film fut produit par la MGM et fait partie du catalogue racheté par Warner) permet enfin de le (re)découvrir.

Bon, il est certain que Mel Ferrer est meilleur acteur que réalisateur. Le film souffre de son inexpérience. On ne s'improvise pas du jour au lendemain directeur sur une long-métrage de cette ampleur ! Ce n'est pas non plus le meilleur film d'Anthony Perkins, qui aurait peut-être eu besoin d'être mieux dirigé. Son personnage, Abel, semble d'ailleurs assez ambigu, pas forcément très sympathique même s'il fuit une révolution et a assisté au meurtre de son père. Il s'aventure dans la jungle immense avec autant de courage que d'inconscience, et ses intentions à l'égard de la tribu indigène qu'il rencontre sont avant tout intéressées : il espère découvrir un filon aurifère qui lui permettra de financer une contre-révolution dans son pays. Le côté sombre de l'acteur transparaît par moments, ce qui est assez surprenant dans ce genre de film et permet de lui donner un peu de l'épaisseur dont il a besoin.

Mais le voici obligé de pénétrer dans une partie mystérieuse et onirique de la forêt, où la réalité prosaïque ne s'aventure guère. Ca tombe bien car si les plans d'ensemble sont effectivement tournés dans les forêts du Venezuela et de la Colombie, les scènes montrant les acteurs sont, elles, réalisées en studio. De grands et beaux décors forts poétiques, certes, mais des décors tout de même. A partir de là, deux écoles possibles : soit on rit de ce manque de réalisme et mieux vaut regarder un autre film, soit on le considère avec indulgence et on se dit qu'il contribue à l'onirisme de la situation (comme pour Legend ou La compagnie des loups par exemple).

Là vit la jeune et belle Rima (Audrey Hepburn), telle une nymphe de la forêt, en osmose avec la nature, et le vieil homme qu'elle nomme son grand-père (Lee J. Cobb), lequel détient le secret de ses origines… Les indigènes la considèrent comme un mauvais esprit dangereux. Il va de soi que pour Abel et le spectateur, elle semble plutôt une fée locale sortie du Songe d'une nuit d'été… D'autant que son époux Mel Ferrer la filme avec un amour et une tendresse de tous les instants.

C'est le pseudo "grand-père" qui a enseigné à Rima la langue et les coutumes des hommes. Mais sa vraie nature s'épanouit à l'air libre parmi les arbres et les animaux, où s'exprime sa sensibilité, dans une sorte d'animisme serein. C'est pourquoi la belle confesse : "Dans la hutte, je crois en l'homme qui est mort pour les autres hommes seul sur une croix… Mais ici, dans la forêt, je mets ma foi en ce qui vit : les arbres, les fleurs, l'air, les oiseaux… C'est un sentiment qui existe en moi et que rien n'explique." Le film date de 1959, et il semble que Hollywood commence à s'autoriser (comme dans Les vikings par exemple) quelques anicroches à la ligne directrice générale judéo-chrétienne qui s'imposait jusque là .

Comme dans les anciens mythes, les concepts de mort et de renaissance sont présents à travers le symbole floral. On suit ainsi Rima dans une grotte mystérieuse où s'épanouit "Ata, la reine des fleurs : elle fleurit seulement l'espace d'une lune avant de disparaître… mais ne meurt jamais. Car au même moment, elle refleurit ailleurs, quelque part, dans une autre partie de la forêt. Si tu la cherches demain sur cet arbre sans la trouver, il ne faut pas t'en affliger car elle revit un peu plus loin dans tout son éclat." La légende, bien-sûr, prendra tout son sens avant la fin du film…

Ata pourrait tout aussi bien fleurir sur le chemin du prince de Peau d'âne pour lui indiquer son chemin, car c'est dans un conte de fées que nous nous trouvons ici, même s'il s'est déguisé en film d'aventure. C'est en le considérant ainsi qu'on appréciera ce film au mieux et qu'on pourra en être touché. En bannissant toute recherche de réalisme, et en assumant la beauté irréelle de ses décors. Et puis les yeux d'Audrey Hepburn, sa beauté diaphane magnifiée par son époux derrière la caméra, envoûteront les âmes sensibles, accompagnés par le charme de la sublime musique composée par Bronislau Kaper sur des thème de Heitor Villa-Lobos.

Ca n'en fait pas un chef d'œuvre, mais ça n'est déjà pas rien, et suffit à mes yeux pour que ce film ne tombe pas dans l'oubli.


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De droudrou, le 5 juin 2008 à 22:18
Note du film : 4/6

De ce film j'ai le souvenir d'une vision "enchantée" et d'une image qui justifiait largement le titre du film. Ce n'est pas un grand film car s'il n'avait été rappelé à mon souvenir, il demeurait perdu dans les limbes… Merci à Goupil et à Laurent pour leurs interventions. Pour ne pas laisser Alexandre de côté, je vote comme lui pour une édition de ce film en DVD pour que ceux qui ne le connassent pas le découvrent.


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