Ça c'est étrange. Ayant revu La meilleure façon de marcher Lundi à la télévision, c'est complètement par hasard que j'ai découvert hier Le secret de brokeback Mountain !
Votre allusion Impetueux me paraît très subtile.
Pour La meilleure façon de marcher j'ai regretté que la finesse de la réalisation, du scénario n'en arrive qu'à une fin qui à mon sens aurait dû être beaucoup plus grave. La dernière séquence qui met le brouillard, aurait presque quelque chose d'onirique, voire d'imaginaire… On se demande de la véracité de la séquence…
C'est cependant très bien interprété et Pascale et Dewaere réunis ça sonne comme une connexion spirituelle de ce qu'ils deviendront plus tard. Un film à fleur de peau.
Pour Le secret de brokeback Mountain je serai plus sévère. C'est souvent mièvre, quasi moraliste, déprimant de bonnes intentions mélodramatique et tellement attendu.
Je ne sais plus quel chansonnier, imitait le Eddy Mitchell du cinéma du Dimanche soir avec perfection, celui de la dernière séance… Et dans un élan parodique caricatural lui faisait dire que lui il regardait des vrais western, avec des vrais Cow Boys, pas des Cow Boys qui s'enfilent comme dans les films d'aujourd'hui…
On m'excusera cette parenthèse grivoise.
Il me semble que, pour son premier film, Claude Miller a eu beaucoup de chance (ou de subtilité, ou d'intelligence, ou d'intuition, comme l'on veut) de pouvoir placer son sujet entre les mains de deux comédiens qui se sont parfaitement compris et de pouvoir compter sur deux talents exceptionnels. Car, sans Patrick Dewaere et Patrick Bouchitey, je doute que le sujet scabreux (c'est-à-dire qui se situe sur une sorte de ligne de crête et qui est difficile à traiter) de La meilleure façon de marcher aurait conservé une aussi belle force dans nos souvenirs.
On lit à peu près partout que, du fait des exigences sécuritaires de plus en plus contraignantes et des risques, fantasmés ou réels, de pédocriminalité, les colonies de vacances, qui furent un passage obligé de beaucoup d'enfances, n'ont plus le vent en poupe. Ce n'était pas encore le cas en 1976. Mais on traitait plutôt le sujet dans un esprit de franche rigolade en s'appuyant sur les espiègleries des gamins, l'ennui incommensurable des moniteurs et les efforts désespérés de la direction pour maintenir un semblant d'ordre dans ces joyeux bordels. C'est d'ailleurs un peu ainsi que le film de Miller commence. Et ne commence pas si mal, d'ailleurs. Il est vrai que la présence de Claude Piéplu, acteur lunaire et fascinant, toujours merveilleusement décalé sans être invraisemblable, était un gage de réussite. Et la galerie de monos prétentieux, salaces, égrillards, paresseux (Gérard/Marc Chapiteau, Léni/Michel Such) ou prétentieux, coincé, hypocrite (Raoul Deloux/Michel Blanc, qui commençait à tester son personnage de frustré à la limite de l'hystérie) pareillement.Le talent de Miller est de faire déraper brusquement la machine lorsque Marc (Dewaere) surprend Philippe (Bouchitey) maquillé et travesti. Sans le grand talent des deux acteurs ne serait-on pas sceptique et même hilare devant cette découverte incongrue ? C'est bien ce qui se passe, en tout cas, dans le mauvais film de François Ozon qui s'appelle Une nouvelle amie où pareille surprise est ménagée. Chez Miller, ça passe ; enfin ça passe à peu près.
Autre merveilleuse idée de distribution : l'intervention de Christine Pascal, dans le rôle de Chantal, la fiancée fragile et gracile de Philippe. Il y avait, dans les yeux, dans la mine calme de l'actrice, une telle qualité de tristesse et de distance qu'elle incarne parfaitement cette jeune fille sage, à peine inquiète, mais qui sait qu'elle devra toujours veiller avec attention sur son mari. Car c'était alors le temps où le sujet en soubassement du film, l'attirance homosexuelle de deux hommes, ne pouvait être traité qu'en filigrane. Exactement trente ans après La meilleure façon de marcher, en 2005, Ang Lee réalisait Le Secret de Brokeback Mountain et mettait en scène deux jeunes gens qui, après avoir connu une grande passion, se marient avec des femmes.. puis se retrouvent. Marc et Philippe se toisent, se provoquent, se fascinent… ne font rien d'autre et quelques années plus tard se retrouvent fortuitement, l'un et l'autre assagis, tout au moins en apparence.Bien que court (82 minutes), le film de Claude Miller manque toutefois un peu de rythme et sonne quelquefois un peu faux. Mais il laisse en tout cas une certaine trace…
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