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Pourri


De Laurent Ermont, le 31 mars 2017 à 10:54

Un thriller politique sur fond de magouilles,politique de gauche influencée par la droite et politique de droite influencée par la gauche sous la V république.Des dialogues mordant d'Audiard mitonnés aux petits oignons,mise en scène efficace,et un Delon qui joue du pur Delon,un film bien ancré des années 70,mais aujourd'hui on connait la musique…


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De Impétueux, le 28 mars 2017 à 14:21
Note du film : 3/6

Il y a eu une époque dans le genre du cinéma français de divertissement (j'écris ce terme, qui n'a rien de condescendant ni de méprisant, par opposition au cinéma directement militant) où des réalisateurs parmi les plus appréciés du bon public tranquille se sont senti animés d'une vertueuse fièvre dénonciatrice et ont tendu le poing à l'éternelle et insubmersible corruption des élites financières. Mort d'un pourri, de Georges Lautner date de 1977, Le sucre de Jacques Rouffio de 1978, Une étrange affaire de Pierre Granier-Deferre de 1981, Mille milliards de dollars d'Henri Verneuil de 1982. En gros les années Giscard, avec un petit dépassement sur les années Mitterrand, qui ne furent pas davantage exemptes de scandales affairistes et de jolis coups pleins de pognon.

Ma foi, dès que je regarde l'Histoire, je n'y vois guère que ce genre de choses, les malins et les sans scrupules n'ayant jamais hésité à tondre la laine sur le dos des braves honnêtes couillons. S'en indigner est chose commune et ce n'est assurément pas le délicieux climat pré-présidentiel dans quoi nous sommes plongés qui va me faire changer d'avis. Au moins quelques bons films ont-ils pu être réalisés sur cette éternelle indignation. Après tout, il faut bien que le Diable porte pierre.

Mort d'un pourri est-il un bon film ? Si l'on entend par là un film où on ne s'ennuie pas, où on suit sans difficulté les péripéties compliquées et souvent invraisemblables traversées par un héros presque omnipotent qui parvient à se faufiler au milieu des pire chausse-trapes, à rencontrer des jeunes femmes charmantes, à approcher de perfides canailles et enfin à dévoiler des traîtrises scandaleuses, on a son content d'émotions. D'autant que Georges Lautner n'est pas un réalisateur manchot, qu'Alain Delon en fait toujours plus que le minimum syndical et que, comme je ne cesse de m'en réjouir, la distribution est riche de ces trognes de second plan qui permettent de se tenir au chaud dans ses pantoufles, un ballon de bon cognac au creux de la paume. Grand plaisir, c'est vrai de revoir d'abord Maurice Ronet, mais aussi François Chaumette, Michel Aumont, Julien Guiomar, Daniel Ceccaldi… et les films contemporains peuvent ne pas trouver aussi girondes que Stéphane Audran, Mireille Darc ou Ornella Muti. Il n'y a que Klaus Kinski qui soit un peu incongru dans ce capharnaüm.

Est-ce que ça suffit ? Ah, c'est là que le bât me blesse un peu en l'occurrence. Deux jours que j'ai vu Mort d'un pourri (et j'avais bien dû le voir à sa sortie sur les écrans, puis lors d'une de ses diffusions télévisées) et il a fallu que je me rende sur Wikipédia pour me souvenir de son intrigue. Des scènes, des visages, des décors (Slavik omniprésent, mais c'est vrai, nous sommes en 77) tant qu'on veut en mémoire, mais pas la moindre bribe de structure ou de discours. À dire vrai ça n'a pas d'importance : compte tenu de l'époque du tournage, on sait qu'on va tomber sur des magouilles immobilières, sur des chantages politiques, des coucheries amicales et une dénonciation parallèle des méfaits obscènes des multinationales et des folies meurtrières de redresseurs de tort vertueux et fascistoïdes. Devant le sarcastique commissaire Pernais (Jean Bouise) bizarrement attifé d'un improbable canapé de Commandeur de l'ONM, Xavier Maréchal (Alain Delon) conclut La corruption me dégoute, mais la vertu me donne le frisson !.

On est bien content de n'avoir pas été dérangé pendant sa digestion.


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