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Bon scénario, piètre réalisation


De vincentp, le 20 août 2022 à 22:18
Note du film : 2/6

Le film est fortement daté, il y a un côté lourdingue du propos qui ne passe pas aujourd'hui. La justice est montrée de manière caricaturale, les documentaires de Raymond Depardon présentent une autre réalité. Les dialogues de Deux hommes dans la ville sont sentencieux, les clichés abondent, les péripéties peu convaincantes. Aucune séquence n'est convaincante. L'impression globale d'une médiocrité cinématographique, et d'un film pénible et interminable, hélas pour José Giovanni. C'est le moins bon des très nombreux films de Gabin que j'ai pu voir. Pour Delon, heureusement pour lui, il existe au moins une dizaine de très grands films ou il peut exercer son talent d'acteur de façon correcte…


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De Impétueux, le 3 juillet 2017 à 18:42
Note du film : 2/6

Une nouvelle vision de Deux hommes dans la ville m'a fait oublier que j'avais presque apprécié jadis ou naguère cette sorte de pamphlet assez mou qui sent fort son idéologie post-Mai 68 : la victime de la société empêchée de réintégrer le clan des honnêtes gens par la malfaisance de la police, et malgré l'humaniste bienveillant… c'était bien à la mode dans les années où ça a été tourné et ça a donc beaucoup vieilli.

Ce qui est assez amusant, c'est l'équipe qui a tourné ça. On a appris depuis lors que José Giovanni, bien meilleur scénariste que réalisateur au demeurant, avait acquis dans les rangs de la Gestapo française, avec Sabiani à Marseille, puis à Paris aux côtés de Bony et Laffont une vaste conscience humaniste ; on peut aussi s'amuser de découvrir les deux principaux acteurs, Jean Gabin et Alain Delon, sinon à contre-emploi, du moins à contre-conviction (ce qui ajoute, d'ailleurs, une qualité particulière à leur grand talent). Et puis Michel Bouquet est aussi excellent que son rôle caricatural et outré pouvait le permettre.

Ajoutons une distribution qui ne manque pas de qualités, notamment Victor Lanoux et le jeune Gérard Depardieu, truands crédibles, Robert Castel en fier-à-bras éruptif, Jacques Monod, toujours parfait procureur. Et puis je ne déteste pas Christine Fabrega, qui aurait dû faire moins de télévision et davantage de cinéma. Enfin, il y a un beau thème musical de Philippe Sarde mais trop continuellement répété.

En revanche, le jeune Bernard Giraudeau est crispant comme il l'est souvent et Mimsy Farmer qui eut du succès est bien moins agréable à regarder que dans mon souvenir (mais je crois ne l'avoir vue que dans More de Barbet Schroeder).

En réalité, c'est le scénario infantile du film qui est à incriminer : outrancier, grandiloquent, vertueux et portant le défaut majeur des films (ou des romans) à thèse : la volonté de démontrer à tout prix, fût-ce avec des sabots en béton armé. Entendons-nous bien : je suis bien le dernier à imaginer que, aux commandes de la société, il n'y a que des gens honnêtes et tous attachés à la rédemption de ceux qui, par malchance, légèretés de jeunesse, faiblesse de caractère, ont fait des conneries et cherchent à s'en sortir. Mais ce qui me semble extrêmement daté, c'est le parti-pris de considérer que tout l'appareil d'État est voué à enfoncer la tête sous l'eau de ceux qui ont failli à un moment donné. C'est le côté lutte des classes qui me paraît faible. La réalité est infiniment plus complexe et le monde beaucoup moins clivé entre les canailles et les braves types qu'on ne le croyait dans les amphis de la Sorbonne quand Sartre y pérorait…

Dans Deux hommes dans la ville, il y a bien sûr le salaud intégral, le flic obsessionnel Goitreau (Michel Bouquet), qu'on n'imagine pas n'être pas inspiré par le Javert des Misérables ; on n'est d'ailleurs pas mécontent, dans son fauteuil, de le voir zigouillé par le brave Gino (Alain Delon) qu'il a poussé à bout. Mais tout le reste des hommes d'ordre est presque de la même eau : le directeur (Armand Mestral) de la prison où était incarcéré Gino et le juge d'application des peines (Jacques Rispal) ; prison où, d'ailleurs, un simple capitaine de gendarmes mobiles menace les détenus mutinés de leur faire tirer dessus (!!!). Et à l'instruction et au procès, la morgue du Juge (Maurice Barrier), du Procureur (Jacques Monod, donc) et du Président (Roland Monod)… À part le brave homme d'imprimeur (Guido Alberti), le monde entier, la société unanime se dresse contre Gino.

On lui coupe le cou. On a tort, assurément, mais ce n'est pas une raison pour faire un film aussi médiocre que Justice est faite, d'André Cayatte ou La vie, l'amour, la mort de Claude Lelouch. Les bonnes causes font souvent de mauvais films (les mauvaises aussi, d'ailleurs).


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