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Une déception


De salandron, le 21 février 2011 à 15:31

Je n'avais gardé qu'un très lointain souvenir de ce film. Vu il y a bien longtemps au cinéma "Cyrano" de Toulouse. Je me le suis facilement remémoré en vous lisant et je vous en remercie. Votre site est d'une grande qualité et il y a peu d'endroits sur le net ou on peut puiser des informations passionnantes sur des films hélas oubliés par beaucoup d'éditeurs. De 'Messieurs les ronds de cuir' au 'Au bonheur des dames' nous sommes comblés. Bravo !

Cordialement.
gerardsalandron@yahoo.fr


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De gilou40, le 20 février 2011 à 19:30
Note du film : 4/6

En supposant que Patrick Dewaere soit toujours de ce monde, et en admettant que Fritz Lang le soit également, je crois que si ce film devait se faire aujourd'hui, l'auteur du Diabolique Dr Mabuse aurait demandé au héros de Série noire d'interpréter le rôle de Liliom. C'est une évidence.

Viens, c'est le printemps
Il fait si beau temps
Que ça me tourne la tête
J' t'emmène avec moi
Sur les chevaux d' bois
Dans notre quartier, y a la fête !

Viens, gosse de gosse
On va faire un tour
Viens faire la noce
Et tourner toujours
Ne sois pas rosse
On s'aimera d'amour
Nuit et jour !

Sur les ch'vaux d' bois
On sera bien mieux
Toi contre moi
Les yeux dans les yeux
Alors on croit s'envoler, joyeux
Vers les cieux

Un tourbillon nous enlève
Par-dessous
Et l'on croit faire un beau rêve
Pour dix sous

En y regardant de plus près, Liliom pourrait être un personnage de La commedia dell'arte. Une espèce de polichinelle, un clown triste, en tous cas la marionnette d'une vie qui joue avec sa personnalité parfaitement immature. Au milieu de magnifiques luminaires, à l'époque des moucheurs de chandelles et des manèges magiques de chevaux de bois, Liliom Zadowski, puisque tel est son nom, est un brasseur d'air patenté, un être sans grande consistance. Exigeant, nous dit Starlight ? Que non ! Il va toujours au plus facile. Là ou un vent bon ou mauvais le porte. Liliom est un pantin mais c'est avant tout un enfant. Et ses biscoteaux et son pull de marin en escale ne donnent pas le change ! Dans ce film, Fritz Lang joue avec la réalité et le merveilleux, comme Cocteau le fera avec La belle et la bête ou René Clair avec la beauté du diable. Il peut donc transporter Charles Boyer au gré du vent de son humeur et de son imagination. Et le film ne vaut justement que par cette ballade dans une vie de misère que le féerique va rendre saisissante et poignante.

Bizarrement, au cours du film, certaines séquences semblent nous rappeler d'autres films qui viendront plus tard. On y retrouve trace de la future Charrette fantôme de Duvivier. Traces encore des Ailes du désir de Wim Wenders. Et bien sûr, le jeu et la voix monocordes de Madeleine Ozeray nous renvoient à cette Fin du jour qui se fait tant attendre pour cette pauvre fille battue, délaissée, et par bien des cinéphiles pour sa sortie en DVD. Le film souffre un peu de sa longueur, c'est vrai. Mais le côté "Ciel", ou du moins purgatoire du film méritait bien un peu de patience…

"- J'vais y parler , moi, au bon Dieu !-"
"- Nous, les miteux, on peut pas parler au bon Dieu !-"
"- Pourquoi pas ?-"
"- T'as déjà parlé au préfet de police ? Non ! Toujours au commissaire…-"

Là, en ce ciel, deux attitudes nous sont proposées. Ou bien on crie au grand guignol, ou on adhère sans restrictions au merveilleux. Prenant en compte que Liliom est un enfant qui jette les étoiles dans les bouches d'égouts, (très jolie scène) je prends sur moi de l'accompagner jusqu'au bout à travers le magique. Et puis, quand on voit un enfant entrer au purgatoire avec une telle nonchalance et un tel regard d'incompris, on ne lui lâche pas la main… Ne surtout pas prendre du recul comme on le ferait pour mieux apprécier un tableau. Pas même d'un pas. Le risible prendrait le dessus. Les anges ne peuvent pas tout. Nous, spectateurs, ne baissons pas les bras. A ce prix, Liliom est un grand film. Et si les chevaux de bois du début étaient accompagnés de refrains de l'époque (La plus bath des javas, Viens, gosse de gosse ), le ciel et ses hôtes nous comblent avec une musique céleste des plus belles qui soient. Loin de Florelle et de sa gouaille, de Georgius et son accent parigot pur jus, les cieux sont emplis de musique au goût d'éternité.

En bas, Henriette Adeline Genty, la grande Maximilienne n'attend plus son neveu qu'elle prétend voyou irrécupérable. C'est faux, nous spectateurs l'avons récupéré. Parce que Liliom n'est pas un film grand guignol. Il est ce que nous voulons qu'il soit. Pour ma part, un film qui, loin d'être sans défauts, est à projeter dans les écoles. Ce n'est pas si souvent que l'on expliquera aux enfants que le ciel appartient à tous. A ceux qui ont grandi et aux autres…


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