Vingt-cinq ans après sa réalisation, Un été chez grand-père demeure une petite merveille de récit cinématographique impeccablement ficelé, de bout en bout…

Hou Hsiao-Hsien utilise essentiellement des plans fixes, souvent pour représenter des intérieurs filmés en diagonale : l'angle de la pièce se situe en haut du cadre, au centre, formant –avec les personnages qui occupent cet espace- la forme d'un V –figure qui fut très usitée par Mizoguchi-. Les extérieurs sont quant à eux plutôt représentés par des diagonales, les personnages (ou les trains) traversant l'espace de gauche à droite et du premier plan vers l'arrière plan. Mais tout ceci se fait de façon très discrète, est quasiment invisible, et se fond dans le récit. Lequel récit est une petite merveille de justesse et de précision, donnant une consistance étonnante au moment présent (comme un Eric Rohmer a pu le faire au même moment en France), celui d'un été dans la campagne de Taïwan, vu selon le regard des deux enfants, confrontés aux jeux de leur âge, à la cruauté épisodique de la vie, aux relations humaines touchant leur communauté. Des relations humaines marquées en apparence par la banalité du quotidien, mais qui prennent du relief par l'insertion d'images (et de sons) fugaces, représentant des instants clés d'une existence humaine (par exemple, une rencontre amoureuse…). Superbe…