Venons-en au film de Robin Campillo qui présente d'une façon assez documentaire l'action d'Act'up au début des années 90, y compris, selon ce que j'ai lu, dans l'entrelacs des parcours individuel de ses personnages, tous inspirés de militants ayant réellement existé. Il fait alterner histoire du groupe et histoire de deux de ses membres, Sean (Nahuel Pérez Biscayart) et Nathan (Arnaud Valois).
La vie du groupe est constituée d'assemblées générales, de réunions hebdomadaires extrêmement régulées, où on lève la main pour prendre la parole, où on applaudit l'intervenant en claquant des doigts (les applaudissements perturbant, paraît-il, la bonne tenue des débats), où l'on rend compte des travaux de chacune des commissions et notamment de la commission médicale qui expose de délicats travaux de recherche scientifique. Mais cette vie est également marquée par des fêtes orgiaques (on peut comprendre que, tant à faire, on ait envie de danser sur un volcan) et par le défilé débridé de la Gay pride. Mais il y a aussi des actions publicitaires très spectaculaires où les militants font irruption en vociférant dans des colloques ou des entreprises pharmaceutiques dont les locaux sont arrosés de poches de faux sang (fabriqué artisanalement dans des baignoires entières). Ma foi, pourquoi pas ? on sait bien que pour se faire entendre et contrairement à ce qu'on veut nous faire accroire, il faut crier le plus fort possible. L'histoire de Sean, séropositif radical et de Nathan, séronégatif séduit par son partenaire emplit peu à peu l'écran, s'impose graduellement, au fur et à mesure que Sean descend vers la mort. Étonnante performance d'acteur, au demeurant, que celle de Nahuel Pérez Biscayart dont on voit de manière saisissante la dégradation physique, du jeune homme plein de grâce au malheureux garçon amaigri aux yeux creux de la fin. Campillo fait bien sentir, me semble-t-il, ce qu'a pu être l'angoisse de tous ces jeunes hommes (les filles sont ultra minoritaires) qui apprenaient chaque semaine la disparition de l'un ou l'autre de leurs amis… Cela dit, le film est tout de même beaucoup trop long (2 heures 20) et très répétitif dans toutes les scènes du groupe ; en élaguant plusieurs séquences, le réalisateur aurait fait gagner du rythme, au détriment, peut-être de la dimension historique mais au bénéfice de la qualité du récit. Puis je me serais bien passé de la longueur et de la complaisance des scènes de sexe. Et enfin je m'interroge encore (mais cela rejoint sûrement mon incompréhension totale de la mentalité homosexuelle) sur ces dernières scènes où Nathan (Arnaud Valois), qui vient donc de perdre Sean, qu'il aimait, demande à Thibault (Antoine Reinartz), président d'Act'up que Sean détestait mais qui est venu s'incliner devant sa dépouille, de passer la première nuit de deuil avec lui. Et on baiserait et tout ? demande Thibault ; Bien sûr ! répond Nathan. Ce qu’ils font. Ça m'a un peu glacé.Page générée en 0.0033 s. - 6 requêtes effectuées
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