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Critique


De dumbledore, le 28 juillet 2003 à 10:11
Note du film : 5/6

"Chez Kafka, ce car volerait au-dessus des champs". Nous ne sommes pas chez Kafka, mais dans la réalité, alors le car ne fait que rouler sur une route qui "domine" les champs, filmés en contre-plongée.

L'Amateur est sans doute le film le plus accessible de Kieslowski, le meilleur film pour entrer dans l'univers de ce grand cinéaste. Comme souvent dans les grands films, le principe est d'une simplicité désarmante: un futur père de famille achète une caméra pour filmer la naissance de sa fille et se découvre une vocation de "preneur d'images" qui va remettre toute sa vie en question.

Bien évidemment, un cinéaste qui traite du cinéma est par essence toujours intéressant à condition toutefois que le réalisateur soit lui-même passionnant et doué. C'est le cas ici.

Tout dans le film est d'une grande finesse et d'une grande justesse. Cela commence par le choix des comédiens. Lui est génial dans son manque de recul par rapport à sa passion. Sans jamais aucune arrière-pensée dans ses actions, il rappelle le prince de l'Idiot.

Physiquement, il est tout en rondeur, un physique qui passe inaperçu, un Monsieur Tout Le Monde qui possède toutefois un regard d'une grande force. La femme également est très juste dans son incompréhension de ce cinéma qui se révèle être pour elle une terrible maîtresse. Même le patron communiste qui ressemble trop à un patron capitaliste est touchant dans sa peur d'être dépassé par cette passion dangereuse chez un de ses ouvriers.

Ensuite, on trouve un scénario d'une grande finesse. Chaque rouage est très efficace et laisse également la part belle à la mise en scène. Le tout début, avec la naissance de la fille, est exemplaire : on reste du côté du père dans son milieu du travail et on voit ses collègues et lui aller de plus en plus vers l'ivresse à mesure que le moment de la naissance arrive. Simple, mais efficace. Tout le reste du film est du même acabit. Grande finesse et grande intelligence.

Les thèmes qui découlent de ce principe et du film sont évidents mais efficaces. Cette nouvelle passion est pour l'ouvrier le moyen d'accéder à la liberté et de fait, il devient dangereux pour le pouvoir en place. La métaphore est poussée même au point que le geste de défi, la provocation ultime, n'est plus un doigt levé avec hargne mais un viseur fait avec quatre doigts. Ce n'est plus de la hargne qui motive le geste mais le désespoir de s'accrocher à une idée de Liberté faute de pouvoir s'accrocher à la Liberté même. Geste surprenant mais admirablement touchant car justement surprenant.

Film à découvrir !


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