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Biographie inaboutie mais intéressante de Rimbaud


De verdun, le 9 juin 2020 à 20:00
Note du film : 3/6

Le début du film se situe en Ethiopie à la fin du XIXè siècle. Un aventurier s'adonne au trafic des armes et au commerce des esclaves: cet homme, c'est Arthur Rimbaud (Terence Stamp). Le parti pris choisi par les auteurs est judicieux: le fil directeur est constitué par cette évocation du Rimbaud des dernières années, entrecoupée de flash-backs qui reviennent sur divers épisodes de la vie du poète: son génie précoce, les conflits avec sa mère, la Commune et surtout, ses relations tumultueuses avec Paul Verlaine (Jean-Claude Brialy).

Une saison en enfer est une évocation (trop) sérieuse et intéressante de la vie hors normes d'un révolutionnaire de la poésie, devenu négociant aventurier à la fin de sa brève existence (37 ans). Comme le démontre le reportage inclus en bonus du blu-ray édité par Gaumont, le réalisateur Nelo Risi, frère du grand Dino, est un homme cultivé et son film reflète une bonne compréhension de la vie de l'écrivain français. De nombreux clichés sur l'écriture, l'homosexualité, la création artistique sont évités.

Visuellement, le film est réussi: la photo est belle, la reconstitution du XIX° siècle est soignée et les paysages africains sont superbes.

Le choix de l'anglais Terence Stamp pour incarner Rimbaud est assez judicieux, même si, âgé de 33 ans à l'époque du tournage, il est forcément plus convaincant dans la peau du baroudeur trentenaire que dans celle du jeune adulte du début des années 1870. Quant à Jean-Claude Brialy, que l'on n'attendait pas forcément dans le rôle de Verlaine, il donne une très bonne composition, sobre et assez étonnante.

Hélas, Une saison en enfer est un film beaucoup trop sage et académique: on aurait aimé quelque chose d'"infernal", puisque c'est ce que nous promettait le titre, tiré d'une des oeuvres majeures de Rimbaud. Le souffle épique est la plupart du temps absent: Un Vincente Minnelli ou, dans un autre style, le Ken Russell de la même époque auraient certainement tiré de la vie du poète quelque chose de beaucoup plus puissant.

Par ailleurs, le film souffre tout de même un peu de contraintes inhérentes à une grande partie des superproductions internationales de la même époque: il n'y a pas de son direct, tout le monde est doublé en français et surtout, certains choix, qui ressemblent à des concessions, sont discutables comme le fait de confier le rôle de l'amante éthiopienne de Rimbaud à Florinda Bolkan, affublée en outre d'un doublage assez douteux. Cela renforce le côté artificiel de l'ensemble.

Par conséquent, Une saison en enfer est une biographie honorable, mais qui peine à se hisser à la hauteur de ce magnifique sujet qu'est la vie de l'auteur des "Illuminations".

Me reste à voir les autres films tirés de la vie de Rimbaud: L'homme aux semelles de vent et Total Eclipse. La comparaison ne peut qu'être instructive.


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