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De la gnognote


De poet75, le 15 décembre 2023 à 21:33
Note du film : 5/6

Il y a de bonnes raisons pour que ce film sonne vrai, à commencer par la profession de son réalisateur, Thomas Lilti, lui-même médecin travaillant en interne dans un hôpital et connaissant donc son sujet sur le bout des doigts. Mais encore fallait-il être capable de faire un film qui se tienne, bien construit et bien dirigé, et c'est indéniablement le cas. Hormis quelques scènes outrées dont on aurait pu se passer, le film non seulement passionne et tient en haleine, mais rend parfaitement compte de la complexité de ce monde de l'hôpital.

Pour ce faire, Thomas Lilti s'attache à suivre les premiers pas de Benjamin (Vincent Lacoste), débarquant aux urgences d'un hôpital et, qui plus est, dans le service où travaille son propre père (Jacques Gamblin). Le rejoint bientôt un autre jeune médecin prénommé Abdel et arrivant d'Algérie (Reda Kateb). Entre les deux hommes se noue rapidement une relation faite à la fois de défiance et d'amitié.

Car, s'il y a bien des moments de détente et les farces de carabins auxquelles on est en droit de s'attendre, il y a surtout, dans ce film, beaucoup de tension et nombre de difficultés. Manque de personnel, manque de moyens, appareils en panne, solitude, détresse… Le constat est cruel et inquiétant. Quoi qu'on fasse (ou qu'on ne puisse pas faire, à cause d'une défaillance de matériel), quelles que soient les décisions prises, on risque de faire des erreurs… Que le médecin soit seul, qu'il se fasse aider par un confrère avenant, ou qu'il soit en conflit avec un autre service arrivé au chevet du malade plus tôt que lui, dans tous les cas les décisions peuvent être lourdes de conséquences, à la fois pour le malade bien sûr, mais aussi pour le médecin (qui sera ou non protégé par l'hôpital) et pour les familles qui, évidemment, veulent en savoir toujours davantage et posent des questions embarrassantes. Comme le dit Abdel à Benjamin, "médecin en hôpital, ce n'est pas un métier, c'est une espèce de malédiction"!

Mais, fort heureusement, le film de Thomas Lilti ne se cantonne pas uniquement au registre du constat négatif et inquiétant. Ce qui rassure, paradoxalement, malgré les défaillances humaines dont il est question et les petits arrangements de caste, c'est de voir à l'oeuvre un personnel dévoué, combatif (se mettant en grève quand c'est nécessaire, tout en continuant à travailler!), et, pour tout dire en une expression, forçant l'admiration. Le réalisateur sait aussi nous rendre sympathiques et admirables les visages de celles et ceux qui travaillent, dans de dures conditions et pour des salaires de misère, en hôpital.

Beaucoup de séries télévisées traitent du monde de l'hôpital (c'est presque devenu un genre à part entière), mais le font dans un registre plus ou moins fantaisiste. Ici, c'est autre chose: c'est un regard juste et précis. On aura grand intérêt à le découvrir, car il fera sans doute évoluer notre propre regard au sujet de ce monde complexe et, somme toute, méconnu de l'hôpital!


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De Impétueux, le 13 juillet 2015 à 13:59
Note du film : 1/6

On ne m'avait pas dit de mal de ce film de série présenté l'an dernier et retrouvé sur Canal +, un soir où l'on a la flemme de chercher quelque chose d'un tout petit peu ambitieux et où on se résout à s'endormir dans le paysage télévisuel qui fait le quotidien de millions de braves gens.

Comme je n'ai jamais vu la série Urgences qui a eu, je crois, un certain succès (grâce à la belle gueule de George Clooney, je présume), je n'ai pas d'éléments de comparaison avec les modernes façons de présenter les vies, comédies, ridicules et drames de ce qui se passe dans les hôpitaux, milieu fertile à la mise en scène de microcosmes romanesques. Mais je suppose que les ressorts dramatiques sont à peu près toujours identiques : querelles de pouvoir, histoires fessières entre internes et infirmières, tyrannie des grands patrons, cas de conscience, vies perdues, vies sauvées, tonus orgiaques de salles de garde décorées de fresques obscènes, camaraderies des moments graves et tout le tremblement. J'ai un assez convenable souvenir d'Un grand patron d'Yves Ciampi, avec Pierre Fresnay et je me propose de revoir prochainement Journal d'une femme en blanc de Claude Autant-Lara avec Marie-Josée Nat : la dramaturgie particulière du milieu est, si je puis dire plus spectaculaire que celle d'une étude de notaire ou celle d'une fabrique de saladiers en plastique.

Mais précisément, le vrai talent, et quelquefois le vrai génie, c'est celui qui parvient à vous intéresser aux faits les plus insignifiants (Un enfant qui ne parvient pas à s'endormir, qui rencontre en jouant aux Champs-Élysées une petite fille de son âge, qui un peu plus tard croise des jeunes filles en fleur… etc. et ça peut suffire). Ce n'est évidemment pas le cas de Thomas Lilti qui dévide en un peu plus de 100 minutes tous les poncifs du genre en se confinant bien voluptueusement dans le discours dominant.

Ce cinéma formaté pour le petit écran se veut souvent impertinent et sarcastique : il l'est, souvent violemment, mais jamais ne tape sur les vaches sacrées et il reste bien sagement confiné dans le discours dominant. Comme Benjamin Barois (Vincent Lacoste), le jeune héros, interne débutant, est le fils du grand patron du service (Jacques Gamblin), à la suite d'une faute professionnelle, il n'est pas sanctionné par le collège disciplinaire, dans un grand élan de solidarité corporatiste ; mais son confrère Abdel Rezzak (le toujours excellent Reda Kateb), d'origine algérienne, qui a pourtant sauvé la mise de Benjamin, est, en revanche, durement puni et exclu de ses espérances d'intégration… Je ne dis pas que ce n'est pas vraisemblable, je dis que c'est inquiétant de vertueuse indignation…

Bon. Inutile de s'énerver sur un film sans intérêt et sans vivacité : j'arrête.


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