Il aurait même été tourné selon P Brion en quatre autres versions : allemande, italienne, espagnole, française. Avec des acteurs différents, à chaque fois. Ces versions parallèles seraient perdues.

La piste des géants (1930) est un classique de poids, mais non parfait. Les vingt premières minutes, plantant le sujet et les personnages sont bien faites mais sans plus (on sent un héritage du muet). John Wayne, beau gosse -il a 23 ans- apparaît par moments bien léger (bras ballants) et sa discrétion à l'écran les huit années qui suivirent assez logique. Il en fut de même pour Raoul Walsh, qui montre ici tout son talent de réalisateur (pour intégrer un nombre important de personnages dans un ensemble cohérent, pour gérer les relations entre l'homme et la nature) mais dont le sommet de sa carrière se situe plutôt entre 1940 et 1958 (ses films des années trente à quelques exceptions près sont moins réussis que ceux tournés par la suite).

Les points forts de ce premier (ou second) western parlant : les paysages immenses, qui portent cette épopée de la conquête de l'ouest, mais aussi la représentation des indiens, nuancée. Les femmes du récit semblent parfois avoir un jeu plus moderne que celui des hommes. Certaines scènes d'actions dans la nature, ou des instants intimistes (la séquence finale) sont anthologiques. Plus de 300 acteurs et techniciens, près de 3500 kilomètres traversés. Gros budget, mais qui ne fut pas rentabilisé à l'époque pour cause de réticence des exploitants à installer le matériel de projection nécessaire au 70 mm, en pleine crise économique. Aujourd'hui, on se régale avec la version qui nous est présentée (image superbe, avec un "master HD").

A propos de l'hypergonar (document relevé sur Wikipédia)

Le brevet de l'Hypergonar, brevet n° 638.542, fut déposé le 9 décembre 1926. Il était conçu à l'origine pour le cinéma en couleur et le cinéma en relief :

à l'époque, on ne disposait que de films noir et blanc, il fallait donc trois pellicules distinctes pour créer la couleur, chaque image étant colorée par un filtre (voir l'article Synthèse additive) ; l'Hypergonar permettait de placer ces trois images sur le même photogramme, en utilisant une anamorphose de rapport 3 ; cela résolvait les problèmes de synchronisation des trois pellicules ; le film en relief consiste à avoir deux images distinctes (voir l'article Stéréographie) ; en utilisant une anamorphose de rapport 2, cela permet de mettre les deux images sur la même pellicule. En 1952, l'industrie cinéma est en crise en raison du développement de la télévision, et une des pistes pour faire revenir les foules dans les salles est de miser sur le « grand spectacle » (par opposition au « petit écran »), et notamment au grand format. Herbert Bragg, assistant directeur du département recherche et développement de la Fox, assiste à un essai avec un projecteur 70 mm, et se souvient alors de l'invention d'Henri Chrétien, alors âgé de 73 ans. Le 12 janvier 1953, la Fox passe commande pour 100 Hypergonars de rapport 2. Les brevets étant déjà dans le domaine public, la Fox acheta des Hypergonars fabriqués avant la guerre, et profita du savoir-faire du professeur Chrétien, ce qui lui permis de prendre de l'avance sur ses concurrents.

donc : je ne suis pas étonné puisque système conçu, à l'origine, pour les chars d'assaut afin d'élargir le champ de vision des conducteurs…