Dirigée par Florestano Vancini (Les Mafiosi) prenant le relais de Damiano Damiani (Confession d'un commissaire de police au procureur de la République), la seconde saison de La Piovra est dans le droit fil de la première, sa continuité narrative étant assurée par le scénariste au long cours Ennio De Concini. Celui-ci a d'ailleurs le pied un peu pesant dans les deux premiers épisodes, où l'on boit jusqu'à la lie la désâmante descente aux enfers non seulement professionnelle mais morale du commissaire Cattani (Michele Placido). Mais vous aurez compris que c'est pour mieux remonter plus tard !

Beaucoup de scènes dialoguées, mais comment faire autrement pour nous mettre sous le nez le fuyant écheveau d'intérêts mafieux, de soubassements politiques et jusqu'aux services secrets dont un chef est en cheville avec la pieuvre ? Un nouveau joueur s'ajoute à la galerie des détestables dirigeants de l'hydre criminelle: l'excellent Martin Balsam, venu des États-Unis pour investir dans l'affaire sicilienne, en cheville avec les potentats locaux. Disons qu'une partie de poker à quatre mettant aux prises Martin Balsam, François Périer, Florinda Bolkan et Michele Placido, c'est un beau cadeau de casting !

La rage antimafia, cet ingrédient absent des variations américaines sur le sujet, rythme toujours l'ensemble. Et plus on avance dans les six nouveaux épisodes de la mini-série, plus le suspense augmente…

Il va me falloir la troisième saison, c'est sûr !

Je me demande vraiment qu'ajouter aux excellents commentaires de Spontex, Impétueux et VincentP.

Une chose est sûre en tout cas: c'est de la téloche de toute première force. Même au plan de la photographie – ce que je n'escomptais même pas – ça passe l'épreuve du temps avec panache. Si la tension est déjà vive et oppressante dans les quatre premiers épisodes, que dire de ce qui se passe à compter du cinquième ! C'est qu'une fois survenu un certain enlèvement, le suspense au sens récit policier du terme se double d'un «suspense moral» quasi insoutenable.

Tout comme la plus récente série Corleone (2009) que je recommande chaudement à ceux qui ont aimé La piovra, cette série, c'est de la dynamite. Au cinéma, le réalisateur Damiano Damiani avait connu ses plus grands succès avec des polars antimafia comme La mafia fait la loi, Seule contre la mafia et Confession d'un commissaire de police au procureur de la République. Cette Piovra a beau être de la télé, elle n'a pas du tout démérité des précédents, au contraire: c'est une sorte de sombre couronnement.

Vous avez déjà tout dit sur les excellents acteurs. Chapeau à Florinda Bolkan, suave et vipérine. Et chapeau aussi au scénariste Ennio De Concini, prolifique touche-à-tout à l'étrange carrière, qui signe ici un scénario d'une solidité à toute épreuve.

Avec La Piovra comme avec ses prédécesseurs parfois méconnus des années 60-70, l'avantage concurrentiel de Cinecittà sur Hollywood apparaît dans toute sa force: comparés à ça, Le Parrain au cinéma comme Les Soprano à la télé manquent singulièrement de rage antimafia !

Et puis dites donc, je viens de réaliser qu'il y a Florinda Bolkan dans cette série antimafia ! On me cache tout…