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Un regard trop lointain


De Impétueux, le 11 juin 2013 à 20:46
Note du film : 3/6

Il y a là six récits, chronologiquement disposés selon les péripéties de le libération de l'Italie, entre l'été 43 et le printemps 44, mais qui n'ont pas d'autre lien entre eux que de peindre le désarroi et les incertitudes d'un pays encore très pauvre, violemment disputé entre les troupes alliées, les Allemands en reflux, les partisans et les fascistes. C'est sec et net comme une épure mais, précisément comme une épure, ça ne touche pas, au contraire de Rome, ville ouverte, film précédent et de Allemagne année zéro film suivant dans l’œuvre considérable de Roberto Rossellini.

Parce qu'à force de vouloir montrer de façon sèche, clinique, chirurgicale des situations qui toutes représentent un des états possibles de la situation de l'Italie bouleversée, ça ne touche que pas, ou peu et ça confine même quelquefois à l'exercice de style.

Ça commence en Sicile, lors du débarquement des Étasuniens et de la rencontre minimale entre une jeune sauvageonne sicilienne et un GI du New Jersey qui ne parviennent pas à se parler, et à peine à s’apprivoiser, à cause de l’obstacle de la langue et qui seront l'un et l'autre abattus sans passion et sans états d'âme ; puis Naples et la rencontre à peine engagée d'un grand Noir un peu pataud et d'un Sciuscia de dix ans, un de ces gamins débrouillards chassés dans les rues par la misère et la mort des siens. On attend vainement que le film commence et qu'on puisse entrer dans son déroulement.

On est à Rome, désormais, dans l'histoire triste de la déchéance d'une fille de qualité que la vie et la terrible misère ont contraint à se prostituer. À la libération, en juin, elle avait rencontré un jeune soldat ; six mois plus tard elle est obligée d'aller chasser le client dans des bars louches, et voilà qu'elle le retrouve, le reconnaît, alors qu'il est ivre et espère follement jusqu'au lendemain que l'histoire incertaine de leur rencontre va peut-être aller du bon côté, du côté du miracle. Mais au matin, dégrisé, le soldat, qui n'a pas reconnu celle qu'il cherche depuis des mois, se débarrasse d'une chiquenaude du morceau de papier où l'adresse de la fille est inscrite : C'est l'adresse d'une pute ! dit-il à son camarade, sans se douter de rien. C'est un peu facile, cela, mais ça touche…

Le quatrième volet se place dans Florence qui se libère et je n'en n'ai toujours pas compris l'intérêt, si ce n'est de découvrir ce que pouvaient être au lendemain de la guerre, les jardins Boboli, la galerie secrète des Offices qui traverse l'Arno, la Seigneurie et Notre-Dame des fleurs. Trop de sécheresse, là encore.

Et guère davantage de fluidité dans l'histoire suivante qui se passe dans un couvent franciscain de Romagne où sont accueillis trois aumôniers alliés, un catholique, un protestant, un juif. Les saints moines sont un peu perturbés par l'accélération du temps et de l'histoire qui vient perturber la sagesse régulière de leur clôture, mais font un bel accueil aux trois séculiers. Bon. Et puis ?

Enfin, dans le delta du Pô, aux dernières heures de la guerre, dans un paysage fluide, ondoyant et gris de dédales d'eau dormante, de roselières labyrinthiques, d’îlots à peine émergés, la mort de quelques partisans mêlés à quelques alliés tombés entre les mains des Allemands et abattus presque comme des chiens.

À vouloir trop faire dans le constat et dans le réalisme sans sentimentalisme, Rossellini demeure très extérieur, très hors champ et prend le risque d'ennuyer un peu. Et même souvent beaucoup. Un récit sans personnage et sans émotion…


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