Il s'agit d'un brûlot marxiste, mais les auteurs de La propriété, c'est plus le vol (1973) dont le scénariste très réputé Ugo Pirro, ont la bonne idée de traiter le sujet de façon bouffonne (type Mes chers amis) et le résultat final est digeste et accessible, et souvent très drôle grâce à Ugo Tognazzi, plongé dans des situations improbables (la réunion "bordélique" du "conseil syndical" est un monument de drôlerie). Le personnage principal, qui en veut à Tognazzi, se qualifie de "marxiste-mandrakiste" en référence au personnage de BD italien Mandrake.

La mise en scène de Elio Petri est de très bonne qualité (plans parfaits) et porte un récit intéressant, pas totalement abouti néanmoins par moments (la fin est trop abrupte). Ugo Tognazzi compose de façon fabuleuse ce boucher capitaliste, convaincu d'apporter le bien par le mal ! Une oeuvre à découvrir pour le travail du duo Petri-Tognazzi. Petri est mort trop jeune malheureusement, à l'âge de 53 ans : sa carrière de metteur en scène s'étale sur 15 ans seulement, et aurait sans doute accouché d'autres oeuvres mémorables par la suite, si le destin ne s'en était mêlé.

Guiomar et Proietti n'ont que de petits rôles respectivement au début et à la fin. Salvo Randone joue le pittoresque père du héros, incarné par l'étonnant Flavio Bucci. Bonne prestation également de Daria Nicolodi future égérie de Dario Argento et mère d'Asia.