3,6/6. Tourné en 3D, cet hommage à la chorégraphe allemande Pina Bausch mérite d'être regardé avec cette particularité, tant les comédiens de la troupe se meuvent d'avant en arrière à grand renfort de gestuelle. Sans cet aspect, Pina permet de découvrir un art étrange, mélange de théâtre et de danse moderne (et aussi d'architecture!), sorte d'expression corporelle, dont chaque mouvement aurait son importance et une signification. Une des particularités de ce film est de montrer que cette expression corporelle, faite de mouvements souvent saccadés réalisés en groupe ou de façon individuelle, peut être réalisée dans des décors urbains et être le fruit d'individus "séniors" affublés de quelques cheveux blancs. Chaque individu, quel que soit ses particularités, doit pouvoir se fondre avec un certain bonheur dans son décor de la vie quotidienne.

L'art de Pina Bausch me laisse tout de même dubitatif tant il me rappelle l'école de théâtre berlinoise, laquelle oeuvrant de symbolisme, fait preuve d'une certaine solennité très germanique. Portant les chorégraphies de Pina Bausch, certaines musiques du répertoire allemand traditionnel, renforcent cet aspect. Il est impossible de ne pas avoir en tête, au moins à quelques instants, les heures sombres de l'histoire allemande en regardant ce film, même si Pina se veut à l'avant-garde du modernisme.

Pina sans la 3D s'adresse sans doute à un public ciblé, adepte d'art contemporain ou de danse moderne. La mise en scène de Wim Wenders, de qualité, jouant sur les couleurs et la lumière naturelle, fait preuve d'esthétisme. Les plans courts et variés évitent l'ennui. Cette mise en scène cinématographique offre la possibilité à un public assez large d'accéder à un univers artistique parallèle non-conventionnel.