Donc Nicole Noblet (Michèle Mercier), fille d'un austère Principal de collège (Georges Chamarat) d'une bourgade d'Indre et Loire et fiancée d'un sage architecte, Georges Martin (François Guérin) rêve devant les pages de Cinémonde et n'a d'autre ambition que de devenir une de ces vedettes qu'elle admire tant et tant. Sélectionnée pour participer à un concours de futures vedettes, elle monte à Paris. Au fait, il ne faut pas penser que la chose est invraisemblable : Marie-Josée Nat – qui figure d'ailleurs dans Donnez-moi ma chance – fut pareillement remarquée.
Un des bons aspects du film est le reportage presque documentaire sur le dur cheminement des apprenties comédiennes qui courent les agences de placement, au milieu de vieilles ganaches dans la dèche (on songe à la fois, toute proportion gardée, à La fin du jour et à Quai des Orfèvres) et des filles bien balancées prêtes à tout pour obtenir un rôle. Et comme dans Quai des Orfèvres d'ailleurs, il y a un photographe qui, dans son arrière-boutique réalise, pour un public d'amateurs, des clichés coquins. Naturellement dans ce milieu foisonnent les rapaces, les beaux mecs sans scrupule aucun comme Gilbert Arnaud (Ivan Desny) qui fondent sur les oiselles avec autant d'habileté que de voracité. Et puis il y a les avanies, les jalousies, les calculs des producteurs, les influences de toute nature, les manigances, les coups tordus… Passons sur les péripéties, qui sont à la fois bien amenées et parfaitement attendues, ce qui est la règle du genre et du cinéma du samedi soir. Mais il faut noter une chose amusante. Le film est en effet un avertissement très moral aux oies blanches qui seraient tentées de venir courir leur chance à Paris : bien que, grâce à son talent et à sa beauté Nicole ait été retenue par un grand metteur en scène, Fournier (Jacques Eyser) pour jouer dans son prochain film, elle préfère renoncer à ce rôle et retourner dans sa calme cité provinciale avec son fiancé. Il n'est pas sot de penser qu'elle s'y enquiquinera prodigieusement et regrettera toute sa vie d'avoir été si sage.Mais enfin personne n'est vraiment allé voir ce qui se passait dans le deux-pièces cuisine de Blanche-Neige après qu'elle a été réveillée et a épousé le Prince charmant. Et même si c'était un beau château, ça ne change pas grand chose…
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