Tout celà est fort vrai, Vincentp . J'ai été captivé de bout en bout par cette œuvre qui, je ne sais pourquoi, me rappelle la montée en tension de Shining bien que les lieux et la fin ne s'y prêtent pas vraiment. La violence psychologique de ce film atteint des sommets. James Mason est parfait dans ce rôle complexe. Il dose à merveille cette folie qui l'envahit très paradoxalement de façon méthodique. Et Barbara Rush sait garder, malgré la terrible adversité, une sensualité qui lui colle à la peau. J'ai peut-être été un peu déçu par la toute fin un tantinet "facile" par rapport aux évènements passés. Mais l'ensemble du film est un régal. J'ai été très étonné d'entendre pendant la furieuse bagarre dans l'escalier une musique de fête foraine. Jusqu'à ce que je m'aperçoive que c'est une musique qui émanait du poste de télévision resté allumé et qui présentait des manèges. Belle agilité d'un metteur en scène surdoué… Du grand cinéma, bien évidement.

Effectivement, Bigger than life est un film magistral de Nicholas Ray. Le dvd nous propose une version remasterisée de toute beauté. Visuellement, ce film est une merveille. Les plans s’enchaînent à la perfection. Ils portent des idées (ex : 24-25° minute, James Mason opposé au corps médical). La caméra est positionnée la ou il faut. Subtilité du développement des idées (les troubles psychiatriques du personnage principal sont décrits tout en finesse). Remise en question du modèle de réussite social américain, sans doute. Attaque en règle contre un mode de pensée réactionnaire (les principes éducatifs défendus par l'instituteur). Interrogations liées à la façon dont un individu peut acquérir le pouvoir au sein d'une société (coups-bas nécessaires contre les plus faibles). Un climat d'inquiétudes sourdes baigne ce récit, mettant mal à l'aise le spectateur (choix des plans, des couleurs, des effets de lumière, et des sons, gestion de la profondeur de champ), le poussant à réfléchir et à prendre position sur des sujets de société, des modes de comportement et des valeurs.